Immo-Monitoring: appréciation du marché au printemps 2025
Dernière mise à jour: 07 May 2025

Nos évaluations de printemps concernant le marché immobilier suisse sont désormais disponibles sur la plateforme Immo-Monitoring, avec notamment les résultats et conclusions suivants.
Habitat: le solde net de logements pourrait être inférieur aux prévisions
- Remplacement et surélévation comme nouvelles normes: la construction sur terrain vierge recule au profit des projets de remplacement, plus complexes mais nécessaires pour densifier le tissu urbain.
- Offre insuffisante malgré un regain de construction neuve: les permis de construire sont en nette augmentation en 2024, mais le solde net de logements reste limité en raison du volume croissant de constructions de remplacement, impliquant de nombreuses démolitions. Les données disponibles dans le canton de Zurich montrent que près de 30% des nouvelles unités remplacent des logements existants.
- Pression persistante sur les logements locatifs: le taux de l’offre atteint un niveau historiquement bas (3,7%), avec une forte baisse des logements abordables et un déséquilibre marqué entre la demande et l’offre dans la majorité des régions.
- Demande de logements en propriété stimulée par la baisse des taux et la hausse de la fortune privée: la baisse du taux directeur favorise les hypothèques SARON, tandis que l’augmentation du patrimoine net des ménages dope la propension à payer — notamment dans les segments supérieurs du marché.
- Offre limitée et forte demande entraînent une hausse des prix: les prix de vente poursuivent leur hausse, surtout dans le haut de gamme, avec une dynamique particulièrement forte en Suisse centrale. Seuls quelques cantons enregistrent un léger repli, souvent lié à une offre plus généreuse.
- Perspectives 2025: la dynamique haussière des prix des logements en propriété devrait se maintenir (PPE: +3,6%, villas: +3,8%) portée par des taux hypothécaires attractifs et une demande toujours soutenue. À moyen terme, une reprise progressive de la construction pourrait contribuer à atténuer les tensions sur les prix. Du côté du marché locatif, une légère baisse des loyers en cours est attendue à la suite de la diminution du taux de référence, tandis que les loyers de l’offre devraient continuer à progresser, mais de manière plus modérée, avec une hausse estimée à +1,7%.
Bureaux: le marché suisse se maintient
- Croissance de l’emploi: la croissance de l’emploi a de nouveau ralenti au 4e trimestre 2024. Dans les secteurs classiques de bureaux, la croissance était encore de 1,1% par rapport à l’année précédente.
Dans le contexte actuel, le recul de la croissance de l’emploi devrait entraîner un léger ralentissement de la demande de surfaces. - Offre et marché de la construction: l’activité de construction a enregistré une nette augmentation de 51,5% par rapport à l’année précédente. Cette forte progression est toutefois essentiellement due à trois grands projets, sans lesquels la croissance se révèle beaucoup plus modérée (3,7%).
Au vu de la dynamique modérée dans le segment du neuf, on ne peut s’attendre qu’à une offre restreinte de nouvelles surfaces de bureaux cette année.
L’offre reste stable grâce à la forte croissance de l’emploi au cours des deux dernières années et au faible taux de nouvelles constructions. - Évolution des loyers: dans toute la Suisse, les loyers de l’offre moyens pour les surfaces de bureaux avaient augmenté de 2,4% sur un an au 4e trimestre 2024.
Les principaux élans sont venus des grands centres, où l’on a observé une hausse moyenne de 4,4% des loyers de l’offre; dans les centres petits et moyens, la hausse a été de 2,2%. Les loyers «prime» ont enregistré un léger recul à Zurich (-0,9%) et à Genève (-2,0%), tandis qu’à Berne, ils ont nettement augmenté (+5,3%) en partant d’un niveau bas.
Bâtiment: la tendance s’est inversée – la transformation comme moteur de croissance
- Construction: le retournement de tendance est acté: après six années de recul des investissements en termes réels, le secteur du bâtiment retrouve le chemin de la croissance en 2024.
Pour 2025, une accélération de cette dynamique est attendue, avec une progression proche de 5% (nouvelles constructions: +3,4%, transformations: +7,2%).
Le niveau des investissements reste toutefois nettement inférieur au pic de 2017 – la reprise part donc d’un point bas. - Immeubles multifamiliaux: forte hausse des investissements: cette reprise est portée par plusieurs facteurs: une forte demande liée à la croissance démographique et à l’augmentation du nombre de petits ménages, des taux d’intérêt bas, la stabilité des prix de construction, des mesures incitatives, ainsi que le déblocage progressif des permis de construire.
Des défis subsistent néanmoins, comme la rareté des terrains à bâtir et la rigueur des réglementations.
La production de logements ne suit toujours pas le rythme de la demande. L’intensification de la construction sur terrain déjà bâti (brownfield) entraîne la démolition d’un nombre croissant de logements existants, ce qui réduit le gain net réel en logements neufs, malgré un nombre élevé de permis de construire.
La hausse des prix de construction et les exigences accrues en matière de qualité expliquent en partie l’augmentation des montants investis. - Maisons individuelles: la construction neuve continue de reculer: le segment des maisons individuelles reste sous pression, en particulier en raison du prix élevé du foncier et des objectifs de densification urbaine.
Les investissements se réorientent de plus en plus vers la transformation et la rénovation. - La rénovation comme moteur du secteur: les investissements dans la rénovation continuent de gagner en importance, stimulés par la rareté du foncier, le besoin de rénover le parc bâti ancien, la transition énergétique et les incitations fiscales.
La possible suppression prochaine de la valeur locative pourrait également accélérer certains projets de rénovation à court terme. - Investissements dans les surfaces commerciales en léger recul: le segment des bureaux connaît depuis plusieurs années une baisse des investissements en construction neuve.
Les rénovations restent demandées, en raison de la nécessité de disposer d’espaces attractifs et durables.
Les taux de vacance élevés dans les zones moins prisées renforcent l’attention portée à l’optimisation du parc existant. - Autres constructions: des volumes d’investissement en hausse: la forte demande en bâtiments scolaires, de santé et de sécurité alimente une activité soutenue dans ce segment, tandis que l’industrie se montre plus réservée dans ses investissements.
L’économie suisse devrait garder le cap malgré un contexte international incertain
- Une conjoncture mondiale incertaine: la reprise économique se fait attendre en Europe, en particulier en Allemagne, tandis que l’Espagne et le Portugal affichent une croissance plus soutenue.
- Tensions commerciales: les droits de douane décrétés par l’administration Trump plongent le commerce mondial dans une zone de fortes turbulences, fragilisant l’industrie exportatrice suisse. Le secteur pharmaceutique, principal moteur des exportations helvétiques, reste toutefois épargné à ce jour.
- Consommation et construction comme moteurs: la baisse des taux d’intérêt soutient la consommation privée et relance l’investissement dans le bâtiment. Parallèlement, les dépenses de réarmement en Europe pourraient ouvrir de nouveaux débouchés pour les exportations suisses. Le PIB suisse pourrait ainsi croître de 1,3% en 2025, puis de 1,5% en 2026.
- Un risque de déflation persistant: l’inflation reste très faible (+0,3% en février 2025) et, hors loyers, l’indice des prix à la consommation serait même en recul. La baisse du taux hypothécaire de référence pourrait accentuer cette tendance.
- Politique monétaire: la BNS a abaissé son taux directeur à 0,25%, mais l’opportunité d’une nouvelle baisse reste incertaine. Une poursuite de l’assouplissement pourrait prévenir une appréciation excessive du franc et soutenir l’économie, mais au risque de renforcer les pressions déflationnistes via une nouvelle baisse des loyers.
- Le marché du travail ralentit: la croissance de l’emploi fléchit, le taux de chômage augmente légèrement et le nombre de postes vacants diminue. Malgré des besoins persistants dans l’administration publique, la santé et l’éducation, la croissance de l’emploi devrait rester modérée en 2025 (+0,8%) et en 2026 (+0,9%).
- Une croissance démographique en décélération: le recul du solde migratoire — lié notamment au ralentissement des créations d’emplois — combiné à un faible taux de natalité freine l’essor de la population. Celle-ci devrait croître de +0,9% en 2025, puis de +0,7% en 2026.
- Moins de nouveaux ménages: face à la pénurie de logements et à la hausse des loyers, la population tend à privilégier davantage la cohabitation. En conséquence, la croissance du nombre de ménages devrait ralentir plus vite que celle de la population.
Pour en savoir plus sur les perspectives à court et à long terme des marchés immobiliers en Suisse, consultez l’Immo-Monitoring.