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Le solde de la construction résiden­tielle devrait être plus faible que prévu

Publiée: 29 avril 2025Dernière mise à jour : 02 mai 2025

L’offre de logements diminue

En Suisse, l’offre de logements se raréfie. Fin 2015, il y avait encore 74 logements dispo­nibles par trimestre pour 1 000 ménages. Aujourd’hui, ce chiffre n’est plus que de 43 – une baisse d’environ 42% du volume d’annonces par rapport au nombre total de ménages. Que ce soit pour la location, l’achat d’appartements en PPE ou de maisons indivi­duelles, il faut aujourd’hui beaucoup de patience pour trouver un nouveau logement.



Un nouvel espoir grâce à la hausse du nombre de logements autorisés à la construction

Face à cette tension sur le marché, l’évolution récente dans l’activité de construction neuve apporte un certain soula­gement. D’après Infopro Digital et les modéli­sa­tions de Wüest Partner, le nombre de logements autorisés en 2024 s’élèverait à 49 000 – une nette augmen­tation par rapport à 2023 et 2.1% au-dessus de la moyenne décennale. Toutefois, il faut noter que la construction a été insuf­fi­sante ces cinq dernières années, entraînant une diminution des logements vacants depuis 2020.

Excédent de demande et crois­sance démogra­phique tempèrent l’enthousiasme

Malgré les nouvelles demandes et permis de construire, des doutes subsistent. Premiè­rement, un excédent de demande important s’est accumulé au cours des cinq dernières années. Même avec une activité de construction soutenue, il faudra du temps pour le résorber. Deuxiè­mement, la crois­sance démogra­phique reste élevée en raison des nombreuses offres d’emploi, même si les taux de crois­sance ralen­tissent légèrement. La demande de logements supplé­men­taires reste donc forte.

Vers un changement de paradigme dans la construction: le rempla­cement plutôt que la construction sur terrain vierge

Une autre incer­titude réside dans la nature même des nouvelles construc­tions: alors qu’il y a cinq ans, on construisait encore princi­pa­lement sur des terrains vierges, les nouveaux logements sont aujourd’hui souvent réalisés par des construc­tions de rempla­cement, des surélé­va­tions ou des exten­sions. Cela signifie moins de construc­tions sur terrain vierge (green­field) et davantage sur des terrains déjà construits (brown­field). Les projets de rempla­cement néces­sitent d’abord la démolition de logements existants, ce qui réduit le solde net de logements, même si le projet neuf est de grande ampleur.

Les données sur les démoli­tions sont essen­tielles pour mesurer l’offre de logements

Pour évaluer l’écart réel entre l’activité de construction neuve et la demande, des données fiables sur les démoli­tions sont indis­pen­sables. Toutefois, il manque actuel­lement des chiffres complets pour l’ensemble de la Suisse. Les chiffres de l’Office fédéral de la statis­tique semblent sous-estimer le phénomène, comme le montre une compa­raison avec les données du canton de Zurich.



Canton de Zurich:
hausse du taux de démolition, baisse du solde net

Un regard sur les chiffres du canton de Zurich montre que le taux de démolition augmente par rapport au nombre de logements nouvel­lement construits. Entre 2020 et 2024, le solde relatif de logements neufs s’élevait en moyenne à 73%, contre 82% entre 2010 et 2014. En 2024, 7500 nouveaux logements ont été construits dans le canton de Zurich, mais 2100 ont été démolis – soit un solde net de 5400 unités. Cela montre clairement qu’une inten­si­fi­cation de la construction ne se traduit pas automa­ti­quement par une augmen­tation du nombre de logements dispo­nibles, surtout lorsque des anciens logements doivent être détruits au préalable. Dans les grands centres, les communes fisca­lement attrac­tives et, désormais aussi, dans les agglo­mé­ra­tions, les démoli­tions sont de plus en plus souvent une condition préalable aux nouveaux projets de construction.



Le rempla­cement comme stratégie de densi­fi­cation

Dans le cadre de la révision de l’aménagement du terri­toire, qui vise un dévelop­pement vers l’intérieur des zones urbanisées, la construction de rempla­cement s’impose souvent comme la seule option permettant de créer un volume signi­fi­catif de logements supplé­men­taires. Certes, les exten­sions ou surélé­va­tions offrent également un certain potentiel, mais une recons­truction complète permet généra­lement une utili­sation plus efficace de la parcelle et du volume construc­tible. En effet, les struc­tures existantes ne sont pas souvent conçues pour supporter des charges supplé­men­taires, et des régle­men­ta­tions telles que les distances minimales ou les limita­tions du nombre d’étages restreignent davantage les possi­bi­lités d’extension que celles d’un nouveau projet sur le même terrain.

Avantages écolo­giques des exten­sions et surélé­va­tions

D’un point de vue écolo­gique, il peut néanmoins être pertinent de privi­légier les exten­sions ou surélé­va­tions, surtout lorsque les avantages d’une construction de rempla­cement ne sont pas pleinement réalisés. La réuti­li­sation d’une structure porteuse existante permet en effet de réduire la consom­mation de ressources et de limiter l’énergie grise, qui tend à être bien plus élevée en cas de démolition suivie d’une recons­truction.

Construire en hauteur comme stratégie d’avenir

La hausse des démoli­tions, le potentiel limité des exten­sions et surélé­va­tions, ainsi que les avantages écolo­giques liés à la réuti­li­sation du bâti existant montrent que la densi­fi­cation verticale prend une impor­tance crois­sante. Pour faire avancer le dévelop­pement vers l’intérieur tout en assurant une offre suffi­sante de logements, il est essentiel de prévoir des coeffi­cients d’utilisation du sol plus élevés et des régle­men­ta­tions de construction plus souples. Sans ces ajuste­ments, les démoli­tions inévi­tables réduisent fortement le gain net de surfaces habitables, si bien qu’une activité de construction intense ne peut entraîner qu’un faible accrois­sement du parc résidentiel. Construire en hauteur permet non seulement une utili­sation plus efficace des terrains déjà viabi­lisés, mais repré­sente aussi, bien souvent, la seule manière de concilier les objectifs de l’aménagement du terri­toire — à savoir la densi­fi­cation et la lutte contre l’étalement urbain — avec les besoins d’une population en crois­sance.

Pour en savoir plus sur les taux d'intérêt, les facteurs économiques et l'impact sur l'immobilier, consultez l'Immo-Monitoring.

Pour en savoir plus sur les perspec­tives à court et à long terme du marché du logement en Suisse, consultez l’Immo-Monitoring.

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