Planification durable de l’espace scolaire : une inversion de la tendance en termes de nombre d’élèves prévue prochainement
20 février 2025
Deux articles sur la planification durable de l’espace scolaire traitent chacun d’un aspect central : le premier se concentre sur les prévisions relatives aux effectifs d’élèves jusqu’en 2040, tandis que le second met l’accent sur les options stratégiques en matière de planification de l’espace scolaire.
La Suisse sera confrontée à des défis démographiques majeurs au cours des 30 prochaines années. Une population vieillissante, un faible taux de natalité et la migration marqueront l’évolution de la population. Cela nécessite une planification anticipative. Les pouvoirs publics doivent investir de manière appropriée dans les infrastructures afin d’être prêts pour l’avenir. Outre les établissements de santé, cela inclut notamment les écoles. L’école primaire représente une charge budgétaire considérable pour les communes, car la construction et la gestion des bâtiments scolaires constituent un poste important dans les finances communales. Examiner de plus près l’évolution du nombre d’élèves s’avère judicieux étant donné que nous nous trouvons face à un renversement de la tendance.
Une évolution divergente
Wüest Partner prévoit que la population suisse continuera de croître de manière dynamique au cours de la prochaine décennie. En revanche, le nombre d’enfants scolarisés devrait bientôt stagner. Jusqu’à présent, ces deux variables ont augmenté au même rythme. Depuis 2010, la population suisse a augmenté de 14 %. La croissance du nombre d’enfants scolarisés a presque suivi la même tendance. En 2023, environ 1,01 million d’élèves fréquentaient l’école obligatoire (95 % dans des écoles publiques, 5 % dans des écoles privées). Celle-ci comprend l’école maternelle, l’école primaire et le premier cycle du secondaire. L’âge des élèves qui fréquentent l’école obligatoire se situe généralement entre 4 et 14 ans au début de l’année scolaire concernée. Selon les prévisions de Wüest Partner, la population continuera à croître de manière relativement linéaire jusqu’en 2040 (+11 % par rapport à 2023). En revanche, le nombre d’élèves devrait plutôt se stabiliser pendant cette période. Jusqu’en 2028, le nombre d’écoliers augmentera encore d’environ 14 000, atteignant ainsi son pic. Ensuite, un lent déclin s’amorcera, de sorte que d’ici 2040, il y aura un peu plus de 24 000 écoliers en moins que durant l’année record.
Qu’est-ce qui influence l’évolution du nombre d’élèves ?
L’évolution du nombre d’élèves est influencée par trois facteurs clés :
- Démographie : le pic du nombre d’élèves prévu pour 2028 est dû à l’entrée à l’école des petits-enfants des baby-boomers. L’année 1964 a été celle où le plus grand nombre de filles est né en Suisse. En moyenne, les femmes de ce groupe d’âge ont eu leurs enfants à l’âge de 28 ans. L’année 1992 représente donc localement un autre pic de natalité. En moyenne, cette génération a des enfants à l’âge de 33 ans, ce qui donne lieu à un nouveau pic du nombre de naissances en 2025. Les enfants de cette génération entrent à l’école maternelle à l’âge de 4 ans, ce qui donne lieu à un pic du nombre d’élèves peu avant 2030. Ensuite, dans de nombreux endroits, les parents sont moins représentés en termes de nombres d’individus, ce qui entraîne une légère baisse du nombre d’élèves.
- Solde migratoire : dans notre scénario démographique national, nous anticipons une légère baisse du solde migratoire à partir de 2030. La principale raison de cette baisse de l’immigration est la diminution de la main-d’œuvre potentielle dans les principaux pays d’origine. En particulier en Allemagne et en Italie, et dans une moindre mesure en France, on s’attend à ce que la population active diminue sensiblement d’ici 2040 (-10 % en Italie, -6 % en Allemagne, -2 % en France) en raison du vieillissement important de la société. L’attractivité du marché du travail suisse devrait certes continuer à attirer des travailleurs qualifiés de l’étranger, mais la croissance pourrait ralentir quelque peu. Comme une grande partie des femmes issues de l’immigration sont en âge de procréer, une baisse de l’immigration entraînera à long terme une diminution du nombre de naissances et donc d’enfants scolarisés.
- Taux de fertilité : en 2022 et 2023, le taux de fertilité a nettement baissé en Suisse. L’indicateur conjoncturel de fécondité est défini comme le nombre moyen d’enfants qu’une femme met au monde au cours de sa vie, sur la base des taux de natalité actuellement observés dans chaque tranche d’âge. Il a atteint un niveau historiquement bas de 1,33 en 2023, alors que la moyenne des années 2010 était de 1,52. En 2024, aucun signe de reprise n’a été observé. À moyen terme, le taux de fertilité pourrait toutefois remonter légèrement, car une partie de la baisse récente pourrait être due à un report de projets de fonder une famille, et un plus grand équilibe vie professionnelle-vie privée ainsi que des avancées dans le domaine de la médecine de la fertilité sont attendus.
Les déménagements déterminent le nombre d’élèves au niveau local
Les explications ci-dessus ont été données pour l’ensemble de la Suisse. Toutefois, l’hétérogénéité est très marquée au sein du pays. Outre la démographie, l’immigration et la fertilité, le comportement des jeunes familles en termes de déménagement est également déterminant pour l’évolution du nombre d’élèves dans une commune ou une région. Ainsi, les grandes villes suisses enregistrent un solde migratoire négatif pour les personnes en âge de fonder une famille, car l’offre de logements adaptés aux familles est très limitée dans les centres-villes. En revanche, les communes périphériques de ces grandes villes affichent un solde nettement positif, en particulier dans les zones où l’offre de logements se développe. Dans les communes de taille moyenne bien desservies, la politique familiale et fiscale ainsi que l’aménagement du territoire et les règles d’urbanisme jouent un rôle déterminant. Les villes de Lenzbourg et de Dübendorf, par exemple, ont attiré de nombreuses jeunes familles ces dernières années grâce à une activité de construction soutenue et s’attendent désormais à une nette augmentation du nombre d’élèves.
De grandes différences selon le type de commune
La plupart des communes ont récemment enregistré une hausse du nombre d’élèves, et dans certaines d’entre elles, cette tendance se poursuivra à l’avenir. Cependant, il existe aussi des communes où, comme au niveau national, le nombre d’élèves n’augmentera que pendant quelques années avant de commencer à baisser. Dans certaines communes, cette baisse a déjà commencé. Globalement, ce sont surtout les communes urbaines et plutôt densément peuplées qui voient leur nombre d’élèves augmenter sur le long terme. En revanche, dans les communes plus petites, périurbaines et rurales, le nombre d’élèves diminuera dans de nombreux cas. Les communes dont le nombre d’élèves devrait encore augmenter à moyen terme, mais diminuer à long terme, sont de taille assez variable. Cette catégorie comprend aussi bien les grandes villes comme Zurich et Bâle que de nombreuses petites communes.
Un recul surtout dans les régions rurales
Alors que dans une grande partie de l’Est de la Suisse, dans le Jura et dans les régions alpines (régions MS en bleu), le nombre d’élèves devrait diminuer d’ici 2040, dans la région de Zurich, en Argovie et autour du lac Léman (régions MS en rouge), il devrait continuer à croître à long terme.
Conclusion
L’évolution du nombre d’élèves varie non seulement fortement d’une région à l’autre, mais également au sein d’une même région selon le type de commune. Différents facteurs tels que la démographie, le solde migratoire, la fertilité et les comportements en termes de déménagement influencent cette évolution. De plus, des décisions communales telles que l’adaptation des règlements de construction et de zonage ou des mesures de politique familiale peuvent entraîner des changements du nombre d’élèves avec un certain décalage.
Perspectives
Le second article (à paraître en mars) présente des pistes d’action pour une planification réussie des espaces scolaires à moyen et long terme, et analyse les questions de durabilité écologique, économique et sociale. Il s’agit par exemple de trouver un équilibre entre les nouvelles constructions et la réaffectation des bâtiments existants ou entre les constructions permanentes et les constructions provisoires.
Le modèle de prévision démographique de Wüest Partner
Le modèle de prévision démographique de Wüest Partner permet de prévoir l’évolution de la population résidente permanente au niveau communal par âge, sexe et nationalité jusqu’en 2050. Le modèle permet ainsi de prévoir le nombre d’enfants en âge d’être scolarisés ou d’autres évolutions liées à la composition démographique de la population.
Offre de planification de l’espace scolaire
Une planification de l’espace scolaire est-elle à l’ordre du jour dans votre commune ?
Nous nous ferons un plaisir de vous aider à déterminer, au moyen de prévisions détaillées concernant le nombre d’élèves, les besoins en espace scolaire à moyen et long terme et les mesures nécessaires à mettre en place.
Séminaire d’une journée sur la planification et la mise en œuvre de l’espace scolaire
En collaboration avec l’Association des Présidents des écoles de Zurich, un séminaire d’une journée sur la planification et la mise en œuvre des espaces scolaires aura lieu le 1er octobre 2025.
Immo-Monitoring
Pour accéder à l’étude complète, consultez l’Immo-Monitoring.