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Les modèles de droits de super­ficie doivent être conçus de manière plus durable : Une approche de solution

Dernière mise à jour: 27 January 2025

La pénurie de logements a un impact majeur sur l’envi­ron­nement actuel du marché immobilier suisse. Les sites centraux et bien développés sont parti­cu­liè­rement touchés. L’amé­na­gement du terri­toire est souvent désigné comme l’un des boucs émissaires, respon­sable du manque de réserves de terrains à bâtir ou de la promotion insuf­fi­sante de la densi­fi­cation.

Si les plans de zonage rigides, l’absence d’une culture globale et inter­dis­ci­pli­naire de l’urba­nisme, ainsi que la complexité et la lenteur des plans d’affec­tation spéciale sont critiqués à juste titre, d’autres facteurs doivent être pris en compte. L’évo­lution des marchés d’inves­tis­sement – un autre facteur de la pénurie de logements – n’est souvent pas suffi­samment prise en compte dans le débat.

Les quelques réserves de terrains à bâtir dispo­nibles dans les centres-villes sont souvent la propriété du secteur public. L’attri­bution de ces réserves en droits de super­ficie a gagné en popularité ces dernières années et devient de plus en plus impor­tante compte tenu de la demande d’espace habitable. Le choix du bon modèle est notamment crucial.

Modèles actuels de droits de super­ficie

Deux modèles sont actuel­lement utilisés pour la plupart des contrats de droits de super­ficie : le modèle classique et le modèle de Bâle, qui se distinguent princi­pa­lement par le mode de calcul des taux d’intérêt et les mécanismes d’ajus­tement.

Le modèle classique

Dans ce modèle, la rente du droit de super­ficie est déter­minée par le calcul d’un intérêt conforme au risque de la valeur du terrain qui en est déduite. Des mécanismes d’adap­tation sont alors convenus, qui prévoient une adaptation régulière de la rente du droit de super­ficie ou si les conditions-cadres (p. ex. environ­nement des taux d’intérêt, adapta­tions de la construction, restric­tions des loyers) changent de manière signi­fi­cative. Ce modèle présente l’avantage de permettre des ajuste­ments trans­pa­rents dans le cadre de cycles réguliers. Les incon­vé­nients, en revanche, sont les suivants :

  • Les mécanismes d’adap­tation sont généra­lement complexes et deviennent souvent obsolètes sur des durées de contrat plus longues. Par exemple, si l’indice sur lequel le taux du droit de super­ficie doit être adapté est supprimé.
  • La perfor­mance du bâtiment n’est prise en compte que de manière indirecte ou insuf­fi­sante.
  • L’acces­si­bilité finan­cière peut être compromise pour le preneur de bail à construction, en parti­culier si les taux d’intérêt augmentent fortement pendant la durée du bail.

Ces incon­vé­nients peuvent créer non seulement des conflits, mais aussi des points de bascu­lement préju­di­ciables aux deux parties.

Le modèle bâlois

En raison d’un parte­nariat égali­taire entre le super­fi­ciaire et le super­fi­ciant, ce modèle est souvent appelé «modèle parte­narial». Les risques et les rende­ments sont partagés en fonction de la valeur apportée par les deux parties : valeur du terrain pour le super­fi­ciant et inves­tis­se­ments dans le bien immobilier par le super­fi­ciaire. Si les paramètres changent (rendement net, valeur du bâtiment ou valeur du terrain), la rente du droit de super­ficie est adaptée. 

Rente du droit de super­ficie = revenu net * valeur du terrain / (valeur du terrain + valeur du bâtiment)

Si les paramètres changent, une adaptation de la rente du droit de super­ficie est effectuée tous les 10 ans.

La force de ce modèle réside dans son équité, puisque les deux parties partagent les risques et les rende­ments de manière égale. Cependant, il est complexe à appliquer, implique des frais adminis­tratifs élevés et recèle un grand potentiel de conflit lors de la déter­mi­nation des paramètres.

Dans les deux modèles, ce sont donc les incon­vé­nients qui l’emportent, soit en raison du déséqui­libre entre les parties, soit en raison de la complexité de l’appli­cation. Mais pourrait-il y avoir une autre solution ?

Qu’est-ce qui fait un bon contrat de droits de construction ?

Selon nous, un bon contrat de droit de super­ficie devrait être adapté au marché et équilibré. Pour que le contrat soit équilibré sur la longue durée du droit de super­ficie, que sa mise en œuvre soit peu coûteuse et qu’il recèle en même temps un profond potentiel de conflits, les cinq carac­té­ris­tiques suivantes devraient être réunies :

  1. Simplicité
  2. Flexi­bilité
  3. Traça­bilité
  4. Équité
  5. Pérennité

L’équi­libre doit être maintenu non seulement au moment de la conclusion du droit de super­ficie, mais aussi pendant toute la durée du contrat. Pour ce faire, il convient de choisir des mécanismes d’ajus­tement appro­priés qui permettent de rétablir au mieux l’équi­libre si les condi­tions du marché changent.

Comme nous l’avons vu, de nombreux contrats de droit de super­ficie basés sur le modèle classique ou bâlois ne répondent souvent qu’à une partie de ces exigences. Cela est dû à leur complexité, au risque de conflit ou au manque de viabilité.

Un modèle de droits de construction basé sur les revenus est-il l’avenir ?

Si l’on tente de concevoir un modèle de droit de super­ficie qui soit simple, durable et qui présente un faible potentiel de conflit, les contenus du contrat doivent être équitables, compré­hen­sibles et aussi objectifs que possible. En parti­culier, la redevance du droit de super­ficie doit être dissociée des chiffres clés diffi­ciles à évaluer objec­ti­vement à long terme (par exemple, la valeur du terrain ou du bâtiment).

Un indicateur qui s’impose est le revenu locatif d’un bien immobilier. Pourquoi donc ne pas lier la rente du droit de super­ficie à l’évo­lution future des revenus locatifs et rémunérer les revenus de l’immeuble ? Avec le modèle basé sur les revenus, on minimise les incon­vé­nients de tous les modèles courants actuels tout en conservant les principaux avantages :

  • Simplicité : la déter­mi­nation de la rente du droit de super­ficie et son adaptation sont très simples grâce à l’indexation aux revenus annuels de l’immeuble  et le principe est bien connu dans le secteur immobilier – par exemple pour les contrats de location de surfaces de vente au détail ou de restau­ration basés sur le chiffre d’affaires.
  • Pérennité : la majorité de la population suisse vit dans des immeubles locatifs. Comme il est peu probable que cette situation change, le modèle restera valable à long terme.
  • Faible potentiel de conflit : les revenus locatifs – contrai­rement à la valeur des terrains ou des bâtiments – sont des grandeurs objec­ti­vement mesurables. Le potentiel de conflit est donc faible.
  • Équité : les deux parties profitent de la même manière en cas de hausse ou de baisse des revenus de l’immeuble. Des couver­tures à la baisse sont possibles.
  • Motivation intrin­sèque : les intérêts du super­fi­ciant et du super­fi­ciaire sont alignés dans le cadre des lignes direc­trices convenues et des éventuelles restric­tions d’uti­li­sation (par exemple, loyer à bas prix). Les deux parties s’efforcent intrin­sè­quement d’obtenir le revenu le plus élevé possible de la location ou du droit de super­ficie.
  • Appli­cation polyva­lente : le modèle basé sur les revenus convient très bien aux immeubles locatifs, indépen­damment de leur utili­sation. Le modèle peut également être utilisé très facilement pour les super­fi­ciaires sans objectifs de rendement (p. ex. les coopé­ra­tives). En revanche, le modèle basé sur le rendement atteint ses limites pour les immeubles à usage propre : Dans ce cas, la valeur locative doit être estimée, de sorte que le critère d’objec­tivité est compromis.

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OFL
Rapport d’étude «Le droit de super­ficie sous la loupe» pour le compte de l’Office fédéral du logement (OFL). Lisez l’étude ici.

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