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Sondage auprès des inves­tis­seurs : l’immobilier durable a‑t-il plus de valeur ?

Dernière mise à jour: 22 April 2025

Quelle est limpor­tance de la durabilité dans le secteur immobilier suisse ? Les inves­tis­seurs sont-ils prêts à payer des prix plus élevés pour de l’immo­bilier durable ? Nous avons posé ces questions et bien d’autres aux décideurs de plus de 300 entre­prises qui inves­tissent dans l’immo­bilier.

A l’automne 2022 Wüest Partner a mené un sondage sur mandat de Senn Resources AG. Plus de 300 entre­prises suisses inves­tissant dans l’immo­bilier ont été inter­rogées dans ce cadre. Cette enquête a été réalisée pour la deuxième fois. Comme à l’automne 2020, elle a été complétée par des entre­tiens quali­tatifs avec une sélection d’experts.

En voici les cinq principaux ensei­gne­ments :

  1. Les thèmes de la durabilité gagnent en impor­tance dans le cadre des acqui­si­tions – en parti­culier lorsque les inves­tis­seurs adoptent une perspective à moyen terme et tournent leur regard vers l’avenir.
  2. Lors du processus d’acqui­sition, 70% des inves­tis­seurs se concentrent sur les énergies renou­ve­lables et l’effi­cacité énergé­tique des bâtiments. Le thème de l’énergie grise ne joue un rôle que pour 11% des personnes inter­rogées.
  3. Un inves­tisseur sur deux est prêt à payer d’avantage pour des bâtiments parti­cu­liè­rement flexibles dont l’uti­li­sation peut être facilement changée. 
  4. Pour les bâtiments parti­cu­liè­rement efficaces sur le plan énergé­tique (Minergie‑P/-A), 42% des inves­tis­seurs sont prêts à payer davantage
  5. Pour les bâtiments construits de manière parti­cu­liè­rement écolo­gique (matériaux biosourcés, prise en compte des principes circu­laires, faibles émissions de gaz à effet de serre lors de la construction), seuls 25% des inves­tis­seurs se montrent prêts à payer davantage.

Nous vous présentons ci-après les résultats de l’enquête, classés selon la structure de l’enquête divisée en quatre chapitres :

  1. Etat des lieux
  2. Énergie
  3. Émissions de gaz à effet de serre
  4. Économie circu­laire

En guise de conclusion, nous nous posons à la fin de cet article la question suivante : «Quelle est l’impact des thèmes de durabilité surl’évaluation des biens immobi­liers ?» En parti­culier, le chapitre 1 ainsi que la conclusion, sont etoffés de nombreux résultats tirés des entre­tiens quali­tatifs.

1. Etat des lieux

L’impor­tance crois­sante de la durabilité

La crise clima­tique, l’incer­titude crois­sante sur le marché immobilier et l’évo­lution constante du cadre politique et légis­latif incitent de plus en plus les inves­tis­seurs immobi­liers à se pencher sur les questions de durabilité. Le nombre d’entre­prises créant des services spécia­lisés dans la durabilité ou les questions ESG ne cesse d’aug­menter. Dans les insti­tu­tions finan­cières, on constate que la formation interne et la formation continue des colla­bo­ra­teurs se développent à grande échelle.

Environ 45% des inves­tis­seurs immobi­liers inter­rogés ont fixé des objectifs de durabilité au niveau de l’entre­prise pour les objets d’acqui­sition. Environ 30% utilisent le rating ESG.

L’enquête examine entre autres la question de savoir dans quelle mesure les inves­tis­seurs estiment que les diffé­rents critères de décision sont plus ou moins impor­tants lors d’une acqui­sition. Le graphique suivant repré­sente les critères de décision possibles sous forme de bulles, la taille des bulles reflétant la part des personnes inter­rogées pour lesquelles le critère en question est décisif pour l’acqui­sition. Plus la bulle est grande, plus le critère est décisif.





L’enquête a révélé que les facteurs classiques de rendement, de locali­sation et de micro-situation restent déter­mi­nants dans les décisions d’acqui­sition. Mais lorsque les inves­tis­seurs consi­dèrent l’impor­tance à moyen terme des théma­tiques de durabilité, celles-ci gagnent nettement en impor­tance. Il s’agit notamment de sujets tels que l’éco­nomie circu­laire, l’empreinte écolo­gique, les coûts du cycle de vie, la flexi­bilité d’uti­li­sation et la résilience clima­tique. La crois­sance relative du groupe qui juge le critère déter­minant à moyen terme est indiquée en pourcentage dans le graphique.

Les facteurs externes

Pour que l’objectif zéro émissions nette, dans lequel sont engagées de nombreuses insti­tu­tions, puisse être atteint d’ici 2050, le parc immobilier doit faire l’objet d’une rénovation énergé­tique et repensé dans la durabilité afin de réduire de manière drastique les besoins en énergie, la consom­mation de ressources et les émissions.

Les personnes sondées ont indiqué que l’aug­men­tation des prix de l’énergie et des taxes sur le CO2, les exigences régle­men­taires, la pression sociale et les progrès techno­lo­giques sont perçus comme les facteurs les plus efficaces pour atteindre les objectifs clima­tiques.

Les enjeux

Selon les sondés, le plus grand défi dans le domaine de la durabilité réside dans la renta­bilité écono­mique. Mais le grand nombre de produits, de classe­ments et de certi­ficats pose également des diffi­cultés à certains d’entre eux, qui ont de plus en plus de mal à s’y retrouver dans cette «jungle».

Empreinte écolo­gique : impor­tance et compré­hension

Pour environ 20% des personnes inter­rogées, l’empreinte environ­ne­mentale d’un bâtiment est un critère décisif dans la prise de décision d’acqui­sition, 50% d’entres elles ont opté pour «également important» dans le sondage. Cependant, dans une perspective à moyen terme, ils sont deux fois plus nombreux, soit environ 40% des personnes inter­rogées, à définir l’empreinte environ­ne­mentale comme critère décisif lors de l’achat d’un bien immobilier.

Sous le terme «empreinte environ­ne­mentale», les thèmes des énergies renou­ve­lables, de l’effi­cacité énergé­tique des bâtiments, des émissions de gaz à effet de serre dans l’exploi­tation ainsi que de poten­tiels polluants de bâtiments et des sites conta­minés sont jugés parti­cu­liè­rement impor­tants. Dans la même catégorie, les thèmes tels que monitoring énergé­tique, matériaux et construction, énergie grise, eau et recyclage des déchets sont jugés moins impor­tants.

2. L’énergie

En matière d’énergie, l’accent est mis sur l’utilisation d’énergies renou­ve­lables et l’efficacité énergé­tique des bâtiments. L’énergie grise joue un rôle secon­daire. L’analyse de la dispo­sition à payer des inves­tis­seurs montre que ce sont surtout les bâtiments à haute efficacité énergé­tique qui suscitent un grand intérêt. Pour les bâtiments compa­tibles avec les direc­tives Minergie, Minergie‑P et Minergie‑A, 41 à 44% des inves­tis­seurs se montrent disposé à payer davantage, selon le certi­ficat. Le pourcentage de ce groupe a augmenté de 15 points en moyenne par rapport à 2020. Pour les bâtiments Minergie-ECO, label Minergie complété par les thèmes de la santé et de l’écologie de la construction (notamment l’énergie grise), ce pourcentage est légèrement inférieur à 30%.

3. Les émissions de gaz à effet de serre

En matière d’émissions, l’accent est toujours mis sur les émissions générées lors de l’exploitation des bâtiments. Il en ressort que 35% des personnes sondées ont indiqué être prêtes à payer davantage si un bâtiment émettait peu de gaz à effet de serre lors de son exploi­tation. Les émissions générées lors de la construction sont jugées légèrement moins impor­tantes : 27% des des sondés se déclarent prêts à payer plus pour un bâtiment économe à cet égard. 

4. L’économie circu­laire

La flexi­bilité d’utilisation arrive en tête

L’analyse montre que les bâtiments qui se distinguent par une très grande flexi­bilité d’utilisation ont obtenu le plus grand suffrage : près de la moitié des inves­tis­seurs voient dans la flexi­bilité d’utilisation une plus grande dispo­sition à payer. 

Construction circu­laire

27% des inves­tis­seurs se disent prêts à payer plus pour un bâtiment construit selon les principes suivants de l’économie circu­laire : facilité d’accès, technique du bâtiment efficace, déman­tè­lement et décons­truction sélective. Ce pourcentage a augmenté de 10 points par rapport celui de l’enquête de l’enquête réalisée en 2020. Toutefois, près de 40% des personnes inter­rogées ne sont pas prêtes à payer davantage.

Matériaux et éléments de construction

Environ 20% des inves­tis­seurs sont disposés à payer davantage pour les matériaux biosourcés et les matériaux de construction minéraux recyclés. La dispo­sition à payer pour les bâtiments construits avec des éléments de construction et des compo­sants réuti­lisés est la plus faible.

Pour en savoir plus sur le thème de l’économie circu­laire, consultez l’article de blog «Économie circu­laire et immobilier : une oppor­tunité pour les inves­tis­seurs innovants».

Comment la durabilité influe sur l’évalutation des biens immobi­liers ?

Des données limitées

De plus en plus de proprié­taires établissent des trajec­toires de réduction des émissions de CO2 qui servent de ligne direc­trice à leur stratégie de rénovation. Cependant, les données relatives à la durabilité sont souvent insuf­fi­santes ou du moins limitées. Cela concerne aussi bien les biens immobi­liers détenus en propre que ceux dont l’achat est envisagé. Les inves­tis­seurs s’efforcent cependant de plus en plus de surveiller les indica­teurs clés de perfor­mance (KPI) environ­ne­mentaux afin de les publier, par exemple dans des rapports annuels ou des rapports de durabilité. Cette tendance est également liée aux obliga­tions légales toujours plus strictes en matière de publi­cation et divul­gation d’information.

La durabilité dans l’évaluation immobi­lière

La tâche des évalua­teurs immobi­liers est de refléter l’estimation des acteurs du marché. Aujourd’hui, de nombreux aspects de la durabilité sont déjà clairement perti­nents en termes de valeur et sont pris en compte dans l’évaluation des biens immobi­liers. Par contre, on ne tient pas encore compte de la valeur d’autres facteurs tels que l’énergie grise ou certains effets externes comme la biodi­versité ou la consom­mation d’eau. Wüest Partner part toutefois du principe que ces facteurs gagneront constamment en impor­tance au cours des prochaines années.

Hausse de prix pour les bâtiments durables

Dans le contexte actuel du marché, les bâtiments parti­cu­liè­rement durables peuvent bénéficier d’un prix plus élevé en raison de la faiblesse de l’offre. Dès que le nombre d’immeubles durables sur le marché augmentera nettement, cette augmen­tation pourra se réduire et se traduire en une décote pour les immeubles non durables.

Résultats de l’enquête

L’enquête a été menée auprès de 307 repré­sen­tants d’entreprises suisses qui inves­tissent dans l’immobilier. La plupart d’entre eux sont actifs dans des banques, des sociétés immobi­lières, des caisses de pension, des fonda­tions de placement, des assurances et des fonds immobi­liers. La majorité des entre­prises repré­sentées disposent d’un porte­feuille immobilier d’une valeur supérieure à 1 milliard de francs. Pour plus de la moitié des entre­prises inter­rogées, le thème de la «durabilité» est traité au niveau du comité de direction. Près de 10% des personnes inter­rogées ont indiqué qu’un dépar­tement dédié à la durabilité avait été récemment créé au sein de leur entre­prise.  






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