Vers le contenu

Gérer les risques clima­tiques dans le secteur immobilier : de l’analyse à la stratégie

Dernière mise à jour: 11 June 2025

Les risques physiques liés aux effets du changement clima­tique consti­tuent des défis majeurs pour les proprié­taires immobi­liers et les inves­tis­seurs. Afin de fournir à ses clients une base de décision scien­ti­fique pour l’adaptation aux risques, Wüest Partner collabore avec CLIMADA Techno­logies, une spin-off de l’ETH Zurich.

En modélisant diffé­rents scénarios d’émissions et des horizons allant jusqu’à la fin du siècle, il est possible d’analyser les risques liés aux diffé­rents aléas clima­tiques, soit pour des bâtiments indivi­duels, soit pour des porte­feuilles entiers. Les risques perti­nents peuvent être identifiés en un coup d’œil, et le risque de dépré­ciation qui en découle peut être minimisé par des mesures d’adaptation ciblées. Cela permet non seulement d’identifier et de traiter les risques au niveau de l’immeuble, mais aussi de développer des stratégies d’adaptation aux risques bien fondées pour des porte­feuilles entiers. Ensemble, Wüest Partner et CLIMADA Techno­logies fournissent une base décision­nelle solide pour préserver la valeur des actifs à long terme.

Comprendre et gérer les risques clima­tiques avec Wüest Partner et CLIMADA Techno­logies

Dans la première partie de notre série de blogs, nous avons souligné l’impact sérieux du changement clima­tique sur le secteur immobilier – et pourquoi une gestion systé­ma­tique des risques clima­tiques est aujourd’hui indis­pen­sable. En outre, nous avons analysé en 2025, dans une étude de l‘Immo-Monitoring, l’exposition actuelle et future du parc immobilier suisse aux risques de chaleur, de fortes pluies, d’inondations et de tempêtes.

Alors que ces phéno­mènes clima­tiques extrêmes menacent de plus en plus les bâtiments et les infra­struc­tures, des dispo­si­tions régle­men­taires telles que la taxonomie de l’UE ou la circu­laire de la FINMA obligent les entre­prises à divulguer ces risques en toute trans­pa­rence. Mais comment les proprié­taires et les inves­tis­seurs parviennent-ils à comprendre leurs risques clima­tiques, à prendre des décisions en connais­sance de cause et à en déduire des stratégies d’action concrètes ?


C’est préci­sément là qu’intervient l’offre conjointe de Wüest Partner et CLIMADA Techno­logies. CLIMADA Techno­logies est une spin-off de l’ETH (Ecole Polytech­nique Fédérale) de Zurich spécia­lisée dans l’analyse scien­ti­fique des risques clima­tiques. Le logiciel open source sur lequel il repose est développé en perma­nence en colla­bo­ration avec les chercheurs et permet d’obtenir des résultats trans­pa­rents et vérifiables – contrai­rement aux solutions classiques de type “boîte noire”. Pour en savoir plus sur CLIMADA Techno­logies, consultez la première partie de notre série de blogs.

Des modèles clima­tiques aux mesures : Comment CLIMADA Techno­logies quantifie les risques

CLIMADA Techno­logies utilise des ensembles de divers modèles clima­tiques, en se basant sur des scénarios SSP et RCP, pour simuler un large éventail de risques clima­tiques liés aux biens jusqu’en 2100. Il s’agit notamment de vagues de chaleur, de fortes préci­pi­ta­tions, d’inon­da­tions, de glisse­ments de terrain, de tempêtes, d’incendies de forêt et d’élé­vation du niveau de la mer.

Ces simula­tions sont spéci­fiques à chaque lieu et prennent en compte plusieurs horizons temporels. Dans l’étape suivante, ces change­ments clima­tiques – tels que l’aug­men­tation prévue de la tempé­rature ou l’aug­men­tation des niveaux de préci­pi­ta­tions – sont convertis en valeurs de risque spéci­fiques. CLIMADA Techno­logies a développé ses propres méthodes d’éva­luation des facteurs de risque à cette fin. Les résultats fournissent des cotes de risque norma­lisées pour chaque type de risque analysé, allant de 1 (très faible) à 5 (très élevé). Cela permet une évaluation claire et compa­rable.

En outre, les pertes finan­cières dues à des événe­ments extrêmes sont quanti­fiées à l’aide de ce que l’on appelle des courbes de dommages. Celles-ci indiquent le pourcentage de perte de valeur d’un bâtiment pour un événement d’une certaine intensité, tel qu’une inondation ou une tempête. Les courbes sont basées sur des données empiriques, y compris celles du secteur des assurances, et se concentrent sur les pertes les plus impor­tantes d’un point de vue financier.

Voici un exemple : Pour une inondation d’une intensité de 1 mètre, on peut supposer une perte de valeur moyenne d’environ 20 %, alors qu’une perte allant jusqu’à 70 % peut être réaliste pour une intensité de 3 mètres. Les courbes de dommages sont également adaptées aux carac­té­ris­tiques spéci­fiques des bâtiments. Par exemple, les struc­tures en bois ont tendance à subir plus de dommages que les struc­tures en béton à intensité d’inon­dation égale.

De l’analyse à l’action : comment Wüest Partner exploite les risques clima­tiques

En se basant sur les données de CLIMADA Techno­logies, Wüest Partner crée des évalua­tions orientées vers l’appli­cation pour des propriétés indivi­duelles ou des porte­feuilles entiers. Pour ce faire, les évalua­tions des risques et les prévi­sions de pertes finan­cières sont extraites de CLIMADA Techno­logies et mises en corres­pon­dance avec les empla­ce­ments géogra­phiques exacts des biens. Un rapport PDF clair résumant l’expo­sition au risque clima­tique est alors automa­ti­quement généré, y compris une diffé­ren­ciation en fonction des scénarios d’émission et des trajec­toires de dévelop­pement dans le temps. Les inves­tis­seurs, les proprié­taires et les insti­tu­tions finan­cières disposent ainsi d’une base décision­nelle fiable pour identifier et gérer les risques de manière ciblée.

Un exemple d’une telle évaluation – ici pour un sous-ensemble des variables de risque dispo­nibles – est présenté dans la figure 2. Un porte­feuille de 100 bâtiments dans la région DACH a été analysé, dans chaque cas pour l’année de référence 2000 et l’année 2050 selon des hypothèses pessi­mistes (SSP5‑8.5). Les résultats montrent d’un coup d’œil :

  • Les feux de forêt, la séche­resse et les inonda­tions ne consti­tuent pas des risques perti­nents,
  • le risque de gel diminue à l’avenir,
  • le risque de tempête reste à peu près le même sur les deux périodes,
  • Les vagues de chaleur, les fortes pluies et les glisse­ments de terrain gagneront en impor­tance à l’avenir.

Pour les risques les plus impor­tants d’un point de vue financier – notamment les inonda­tions et les tempêtes – le montant des dommages attendus en moyenne tous les 100 ans dépend fortement de certaines carac­té­ris­tiques des bâtiments. Dans la figure 3, nous comparons le montant  des dommages pour 100 bâtiments d’une valeur respective de 5 millions de CHF. Le montant des dommages causés par les inonda­tions en 2050 (dans l’hypo­thèse du scénario SSP5) est de 4,7 millions de CHF si tous les bâtiments du porte­feuille ont un sous-sol – et de 3,7 millions de CHF si aucun d’entre eux n’en a. Le type de construction a également une influence sur le montant des dommages. Le type de construction influence également le montant des dommages. Par exemple, en cas de tempête, alors qu’aucun dommage n’est attendu pour 100 bâtiments construits en béton, 100 bâtiments construits en bois devraient subir des dommages d’environ 45 000 CHF tous les 100 ans.

Figure 2 : Analyse d’une sélection de diffé­rents risques clima­tiques sur la base d’un porte­feuille de 100 bâtiments dans la région DACH. Le nombre de bâtiments par niveau de risque est indiqué pour chaque type de risque. Pour chaque risque, la barre de gauche (2000) indique l’expo­sition au cours de la période de référence, tandis que la barre de droite (2050) indique l’expo­sition à l’avenir dans l’hypo­thèse du scénario d’émis­sions SSP5‑8,5.


Figure 3 : Somme des dommages attendus tous les 100 ans en 2050 (scénario d’émis­sions SSP5), en fonction du risque d’inondation ou de tempête. Dans chaque cas, on a supposé que tous les bâtiments avaient un sous-sol ou pas de sous-sol et une structure en béton ou en bois.

Sur la base des risques identifiés et de nos nombreuses années d’expé­rience dans le maintien de la valeur des biens immobi­liers, nous élaborons ensuite un catalogue person­nalisé de propo­si­tions de mesures d’adap­tation spéci­fiques. Ces recom­man­da­tions visent à éviter ou à minimiser les pertes de valeur poten­tielles à l’aide de mesures struc­tu­relles appro­priées. Nous créons ainsi une véritable valeur ajoutée et jetons les bases d’une stratégie immobi­lière tournée vers l’avenir et résiliente au changement clima­tique.

Conclusion : gérer activement les risques clima­tiques – de manière fondée, orientée vers l’avenir et conforme à la régle­men­tation

L’offre conjointe de Wüest Partner et de CLIMADA Techno­logies met à la dispo­sition de l’industrie immobi­lière un outil scien­ti­fi­quement fondé qui permet non seulement d’iden­tifier et d’évaluer systé­ma­ti­quement les risques clima­tiques physiques, mais aussi de fournir des recom­man­da­tions spéci­fiques pour l’adap­tation aux risques. Grâce à sa métho­do­logie robuste, à sa base de données trans­pa­rente et à sa classi­fi­cation claire des risques, l’outil fournit une base solide pour la prise de décision – pour des propriétés indivi­duelles comme pour des porte­feuilles entiers. Il aide également les proprié­taires et les inves­tis­seurs à répondre aux exigences régle­men­taires crois­santes, telles que la taxonomie de l’UE ou la FINMA. La gestion des risques clima­tiques n’est donc pas seulement une obligation, mais un avantage straté­gique pour la préser­vation de la valeur à long terme.

  1. Coper­nicus ↩︎
  2. IPCC, 2021: Summary for Policy­makers. In: Climate Change 2021: The Physical Science Basis. Contri­bution of Working Group I to the Sixth Assessment Report of the Inter­go­vern­mental Panel on Climate Change [Masson-Delmotte, V., P. Zhai, A. Pirani, S. L. Connors, C. Péan, S. Berger, N. Caud, Y. Chen, L. Goldfarb, M. I. Gomis, M. Huang, K. Leitzell, E. Lonnoy, J.B.R. Matthews, T. K. Maycock, T. Water­field, O. Yelekçi, R. Yu and B. Zhou (eds.)]. Cambridge University Press, Cambridge, United Kingdom and New York, NY, USA, pp. 3−32, doi:10.1017/9781009157896.001. ↩︎
  3. Fyfe, J.; Fox-Kemper, B.; Kopp, R.; Garner, G. (2021): Summary for Policy­makers of the Working Group I Contri­bution to the IPCC Sixth Assessment Report – data for Figure SPM.8 (v20210809). NERC EDS Centre for Environ­mental Data Analysis, 1.4.2025. doi:10.5285/98af2184e13e4b91893ab72f301790db. ↩︎