Vers le contenu

Volatilité des prix de la construction

Dernière mise à jour: 13 septembre 2024

Les prix de la construction ont sensi­blement augmenté au cours de ces derniers mois. Entre octobre 2020 et avril 2021, ils ont augmenté de 1,5 % dans le secteur du bâtiment en Suisse, soit la plus forte hausse semes­trielle depuis 2008. Les prix des matières premières de la construction ont progressé encore plus fortement. Par exemple, à la mi-juin 2021, le cours du bois sur les Bourses des matières premières      a plus que doublé par rapport aux années précé­dentes – même si les prix ont à nouveau légèrement baissé au cours de la première quinzaine de juin 2021 (voir également https://www.finanzen.ch/rohstoffe/holzpreis). 

Bien que les prix en Bourse fluctuent davantage que ceux effec­ti­vement payés pour les charpentes et les meubles, il est clair que le marché de la construction traverse une période de turbu­lence. 

Prix de la construction plus élevés

De nombreux matériaux de construction sont devenus plus chers, et dans certains cas, il faut aussi compter des goulots d’étran­glement au niveau de l’appro­vi­sion­nement. Cela est dû à la conjonction de plusieurs facteurs: 

  • L’aug­men­tation de la demande, accélérée par des effets de rattrapage, s’est en partie heurtée à des chaînes d’appro­vi­sion­nement qui ne fonctionnent pas à plein régime.
  • Compte tenu des incer­ti­tudes écono­miques de l’année dernière, de nombreux produc­teurs ont hésité à recons­tituer leurs stocks.
  • Aux États-Unis, par exemple, la reprise écono­mique a été accélérée par les inves­tis­se­ments dans les infra­struc­tures et la hausse des prix de l’immo­bilier.

Prix de la construction et autres tendances 

Selon nos estima­tions, un grand nombre de ces évolu­tions devraient se norma­liser dans un avenir proche. Dans le même temps, certaines tendances, qui avaient déjà provoqué des change­ments avant la pandémie, se feront sentir à nouveau, et plus fortement encore.

  • L’uti­li­sation du bois comme matériau de construction va continuer à progresser. L’aug­men­tation des prix reflète donc en partie la popularité de cette matière première. Elle devrait inciter à l’avenir à produire davantage de bois de construction et à mieux organiser la chaîne de valeur du secteur «forêt-bois» en Suisse. Cette augmen­tation des capacités prend du temps, mais donnera ensuite un essor supplé­men­taire au bois de construction, qui est parti­cu­liè­rement durable lorsqu’il est produit localement. En ce qui concerne la compé­ti­tivité des prix des bâtiments en bois par rapport aux bâtiments en dur, il convient de noter que les coûts des matériaux purs ne repré­sentent qu’une faible proportion des coûts totaux. Par consé­quent, l’aug­men­tation actuelle du prix du bois ne se fera pas autant ressentir sur les prix des bâtiments en bois.
  • Dans le secteur de la construction, les négocia­tions sur les marges brutes et les prix sont omnipré­sentes. Compte tenu de la faiblesse des marges, les possi­bi­lités de constituer des réserves pour pallier l’évo­lution des prix des matériaux sont en général minces. La personne qui supporte le risque lié au prix des matériaux dépend de l’état d’avan­cement du projet et de la façon dont a été rédigé le contrat corres­pondant. Les accords sur les respon­sa­bi­lités devraient augmenter. Aujourd’hui, les maîtres d’œuvre offrent au maître d’ouvrage la sécurité des coûts. Dans le cadre de contrats de sous-traitance déjà attribués, les maîtres d’œuvre ont exter­nalisé le risque à l’entre­prise de construction exécu­tante. Celles-ci ont, à leur tour, partiel­lement sécurisé les prix auprès des fournis­seurs. Toutefois, dans la situation actuelle, certains maîtres d’ouvrage se montrent conci­liants avec les entre­prises de construction avec lesquelles ils colla­borent depuis longtemps et sont prêts à supporter une partie des coûts supplé­men­taires dus à l’aug­men­tation du prix des matériaux.
  • La sensi­bilité relative aux varia­tions des prix des matériaux est suscep­tible de s’accroître à nouveau. Il est vrai que la situation actuelle est excep­tion­nelle en termes d’ampleur de la hausse des prix et d’impact sur de nombreux matériaux, associés à des goulots d’étran­glement de l’approvisionnement. Néanmoins, il convient de noter que certaines fluctua­tions de prix sont courantes. Ainsi, les évolu­tions récentes rappellent des souvenirs d’il y a dix ans lorsque des varia­tions impor­tantes des taux de change influen­cèrent le coût des matériaux de construction importés.
  • La construction a tendance à devenir globa­lement plus chère. En effet, les exigences relatives aux biens immobi­liers ne cesseront d’aug­menter, par exemple dans les domaines de la protection contre les incendies, des risques sismiques ou de la durabilité.