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Repenser la construction – le bois et le hors-site au service du dévelop­pement durable.

Dernière mise à jour: 09 juillet 2025

Fruit d’une colla­bo­ration entre France Conven­tions et l’association BBCA, le Salon de l’Immobilier Bas Carbone se veut le porte-parole des acteurs de l’immobilier et du bâtiment bas carbone. Le SIBCA doit sans cesse répondre aux exigences et inter­ro­ga­tions d’un secteur en pleine mutation. Des acteurs rassemblés pour la 3e fois depuis son lancement en 2022.  Placée sous le haut patronage du Président de la République Emmanuel Macron et parrainée par le clima­to­logue Jean Jouzel, l’édition 2024 se tenait du 7 au 9 octobre au Carrousel du Louvre. L’occasion pour l’équipe de Wüest Partner France d’organiser une confé­rence : Repenser la construction – le bois et le hors-site au service du dévelop­pement durable.  

Retour sur cet échange du 8 octobre 2024, avec sur scène : Marc Yehya, Manager Sustai­na­bility Wüest Partner France, Sophie Meynet, Direc­trice Générale Immobilier Résidentiel GA Smart Building et Josselin Lutz, Archi­tecte Associé et gérant du cabinet Oslo Archi­tectes.  

La crise du logement, et plus largement de l’immobilier, que nous vivons actuel­lement nous pousse à revoir et repenser tout un tas d’usages et de croyances jusque-là bien établis. On distingue deux enjeux, un premier lié à la baisse drastique de la production de logements neufs et un second lié aux coûts de construction. La baisse de la construction de logements neufs nous amène vers 280 000 mises en chantier à fin 2024 environ, quand les besoins du pays, pour débloquer un marché de l’immobilier grippé, se situent plutôt à 500 000 logements neufs par an. Les coûts de construction eux doivent baisser si l’on veut construire du logement dans les années à venir, sans avoir à rogner sur la qualité. Les promo­teurs se tournent ainsi vers un renfor­cement de l’industrialisation de l’acte de construire et donc vers le hors-site. Un nouveau modèle qui se développe mais qui doit être perfec­tionné : il faut des usines et il faut un certain volume de commandes pour rendre l’investissement rentable.

La naissance du Hors-site

Le concept même du Hors-site est étroi­tement lié à l’histoire de l’industrialisation de la construction dont il est pour le moment un aboutis­sement.

Indus­tria­li­sation et construction, deux concepts au départ séparés. Au début du 20e siècle, l’industriel concevait et fabri­quait selon un processus continu, dans une usine fixe et avec des machines qu’utilisaient une main d’œuvre lui permettant d’avoir un certain niveau de production et de qualité.

A contrario dans la construction, chaque projet était conçu par un archi­tecte en fonction du souhait et du terrain du client final. Après la commande, la production peut être effectuée par plusieurs entre­prises en fonction des lots des travaux. In fine, tous les projets sont ainsi diffé­rents puisqu’ils dépendent du client et de ses souhaits.

Très vite au fil de l’Histoire, construc­teurs et archi­tectes se rendent compte des capacités et perspec­tives qu’offrait l’industrialisation. Après les deux Guerres Mondiales, cette idée apparait comme une solution tant les recons­truc­tions sont impor­tantes.

L’industrialisation d’autres secteurs comme celui de l’automobile va achever de convaincre les plus récal­ci­trants. Maisons en kits, préfa­briqués ou encore la construction de grands ensembles à partir de modèles élaborés par un archi­tecte … nous emmènent vers le hors-site. Il devient vite une nécessité alors que les ressources sont de plus en plus limitées et que les enjeux nous poussent vers un cercle vertueux et une économie circu­laire.

Hors-site et engagement sociétal

Le Hors-site n’est pas une mode mais une voie. Une voie compa­tible avec des engage­ments bas carbone et un temps de chantier diminué.  

C’est une oppor­tunité pour la construction durable mais qui présente quelques défis et leviers à activer pour rendre ce secteur plus durable encore et répondre aux nombreux enjeux qui en découlent. D’abord dans le contexte général des chantiers, avec la pénurie de main d’œuvre, de ressources et la problé­ma­tique de gestion des déchets. Ensuite en travaillant la (bonne) coordi­nation des inter­ve­nants. Enfin en y associant qualité archi­tec­turale et d’usage.

Mais de l’autre côté, le potentiel est important. Moins 10 à moins 20% de coûts de mainte­nance[1], plus 30% de gain de produc­tivité[2], moins 20 à moins 50% de baisse des délais de construction[3], moins 80% de baisse des risques liés aux retards et dépas­se­ments de budgets[4], plus 5 à 10% de valeur marchande pour l’actif[5] et moins 30 à moins 60% de coûts liés aux défauts de construction[6]. A n’en pas douter, la construction Hors-site permet de mieux contrôler la qualité, de réduire les coûts de construction et les délais, grâce à la fabri­cation et l’assemblage en usine.

Forcément, la filière Hors-site agit positi­vement sur les critères Environ­nement, Social et Gouver­nance des entre­prises, soit les trois piliers qui définissent leur démarche RSE.

La construction Hors-site permet de construire de manière plus durable, en réduisant au maximum l’utilisation de ressources naturelles comme l’eau ou le sable. Un luxe dans un secteur qui émet 20 à 25% des émissions de gaz à effet de serre en France et qui est respon­sable d’un tiers des déchets de l’ensemble de l’économie à l’échelle mondiale[7]. Associé à la réduction des émission de Gaz à effet de serre, à l’efficacité énergé­tique d’une conception optimisée et de besoins en énergie réduits et à la flexi­bilité et l’adaptabilité, le Hors-site agit favora­blement sur l’Environ­nement.

La construction Hors-site permet une amélio­ration des condi­tions de travail avec réduction des accidents mortels (-75%)[8] et des Troubles Muscu­los­que­let­tiques (-50 %)[9]. Elle est une réponse aux défis actuels du logement et à l’imprévisibilité des besoins futurs du secteur. Elle est aussi un mode de construction aux nuisances sonores fortement réduites. En cela, le Hors-site agit favora­blement sur le volet Social.

Enfin, la construction Hors-site agit en conformité avec les règle­men­ta­tions et les normes ESG, en toute trans­pa­rence et traça­bilité des processus, en bonne gestion des risques. Le Hors-site considère favora­blement l’éthique et l’inclusion dans la chaine d’approvisionnement. En cela, le Hors-site agit positi­vement sur le volet Gouver­nance.

Fort de ces attraits, le Hors-site attire les inves­tis­seurs dans une optique d’amélioration de leurs KPI’s ESG.

Le poids du Hors-site

Aujourd’hui c’est toute une filière du Hors-site qui se structure. Que ce soit en maîtrise d’ouvrage ou en maîtrise d’œuvre, en Assis­tance à Maîtrise d’ouvrage ou côté fabri­cants et promo­teurs, l’ensemble des profes­sionnels s’activent pour faire du hors-site une filière d’excellence de l’industrie.

C’est une dynamique favorable pour le Hors-site, qui plus est dans un contexte de crise du logement et d’une forte demande de logements plus abordables. Un mode de construction également compa­tible avec les objectifs de la Zéro Artifi­cia­li­sation Nette, qui mise sur une densi­fi­cation douce et un partage de terrains déjà artifi­cia­lisés. Un mode de construction enfin, qui répond parfai­tement aux critères d’octroi des prêts pour les banques. Il est en cela compa­tible avec la taxonomie européenne, qui favorise et oriente les inves­tis­se­ments vers des activités durables.

Parce qu’il est temps de construire autrement, dès-à-présent, nous croyons fermement en ce modèle vertueux. Un marché qui pourrait atteindre 2,8 milliards de dollars de chiffre d’affaires en France d’ici à 2030. Un marché dynamique dont la part de marché au niveau monde progresse annuel­lement de 5,8% entre 2021 et 2029 et qui concerne pour 75% le résidentiel et princi­pa­lement la maison indivi­duelle.

Visionner le replay de la confé­rence


[1] et [2] Mc Kinsey

[3] The farmer review

[4] KPMG

[5] RICS

[6] NHBC Foundation (2016)

[7] D’après le rapport « L’industrialisation de la construction » demandé par le ministre du Logement Julien Denor­mandie

[8] et [9] Ecologie.gouv.fr, L’industrialisation de la construction, janvier 2021

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