Vers le contenu

Règle­men­tation du marché du logement en hausse dans les villes : vue d’ensemble

Dernière mise à jour: 13 September 2024

Si l’inter­vention de l’État pour réguler le marché du logement en Suisse a toujours constitué un sujet de préoc­cu­pation, les appels en ce sens se sont récemment faits de plus en plus pressants. Par le passé, l’accent a été mis sur l’offre et la promotion de logements à loyer modéré par le biais d’une politique foncière active, de prêts et de subven­tions à des condi­tions préfé­ren­tielles et de procé­dures adminis­tra­tives. De nouvelles inter­ven­tions et approches visent désormais à règle­menter direc­tement les loyers des nouvelles construc­tions, des construc­tions de rempla­cement, des conver­sions ou des rénova­tions. Les proprié­taires fonciers sont de plus en plus confrontés à un encadrement des loyers, surtout dans les villes. Dans les grandes villes, les lois relatives à cet encadrement sont déjà connues depuis un certain temps comme à Genève, ou depuis moins longtemps comme à Lausanne, à Bâle, à Berne et à Zurich. Un grand nombre de nouvelles règle­men­ta­tions sont aujourd’hui mises en vigueur ou prévues pour l’être prochai­nement (voir aperçu ci-dessous).

Inter­ven­tions crois­santes de l’État sur le marché du logement dans les villes de petite et de moyenne taille

L’encadrement des loyers pour les nouvelles construc­tions et de plus en plus pour les rénova­tions et les agran­dis­se­ments, comme on le voit depuis longtemps en Suisse romande, gagne également désormais du terrain en Suisse aléma­nique. L’exemple le plus frappant de l’année 2023 concerne la ville de Zoug, où, à la suite de l’adoption récente d’une initiative populaire pour les zones densément peuplées, au moins 40 % des nouveaux logements doivent être construits dans le segment des logements à loyer modéré. L’ini­tiative sur la protection du logement, toujours en cours, permet­trait aux communes d’intro­duire une obligation d’auto­ri­sation pour les démoli­tions, les trans­for­ma­tions et les rénova­tions, accom­pagnée d’une régulation (tempo­raire) des loyers. Les immeubles existants devraient donc être de plus en plus visés par de nouvelles règle­men­ta­tions.

Le marché de la construction de logements s’oriente dans la mauvaise direction 

D’une manière générale, on constate une nouvelle recon­duction des inter­ven­tions de l’État et une hausse des loyers dans les villes de petite et de moyenne taille. L’engouement pour l’inves­tis­sement, déjà affaibli par la hausse des taux d’intérêt, l’aug­men­tation des coûts de construction, la multi­pli­cation des recours pour les nouveaux logements et le durcis­sement des lois sur la construction, devrait ainsi être encore plus freiné. La rénovation et l’expansion du parc de logements dans les villes sont de plus en plus mises sous pression, et l’état du parc arrive à saturation. Mais surtout, les plans de réponse à la demande crois­sante sont mal dirigés : ils visent les zones moins bien desservies et moins bien équipées que les villes. Il s’agit d’une évolution problé­ma­tique du point de vue de l’amé­na­gement du terri­toire et de l’éco­nomie nationale.

Aperçu de toutes les villes suisses de plus de 20 000 habitants



Zurich

Alors que l’encadrement des loyers n’a jusqu’à présent joué qu’un rôle secon­daire dans la ville de Zurich, celle-ci mène depuis longtemps une politique active en matière de logement et investit elle-même dans des terrains et des immeubles afin de proposer des habita­tions à loyer modéré. Cette orien­tation a été renforcée par la création d’un fonds de logement à hauteur de 300 millions en 2023. L’encadrement des loyers s’applique désormais aux projets de construction qui bénéfi­cient d’un bonus d’occupation ou d’uti­li­sation du sol de l’ordre de 10 % : la moitié du bonus (5 %de l’utilisation du sol) doit être destinée à des logements à loyer modéré.

Toujours en cours :

  • Initiative cantonale pour la protection du logement : les communes doivent déposer une demande et obtenir une autori­sation pour tout projet de rénovation et de trans­for­mation, de démolition et de nouvelle construction. Des plafonds pour les loyers peuvent alors être fixés (jusqu’à 10 ans maximum).
  • Initiative cantonale pour « Davantage de logements à loyer modéré dans le canton de Zurich » prévoit un droit de préemption pour les communes.

Genève

La ville de Genève mène également une politique active en matière de logements et de droits fonciers et dispose déjà d’un droit de préemption sur les terrains. Les lois genevoises sur les démoli­tions, trans­for­ma­tions et rénova­tions de maisons d’habi­tation (LDTR) et sur l’énergie (LEn) prévoient un plafon­nement des loyers après des travaux de rénovation. La LEn définit un seuil de consom­mation énergé­tique à partir duquel un bâtiment doit être rénové. En cas de rénovation complète, les loyers sont limités à un maximum de 3 528 CHF (environ 3 675 EUR) par pièce et par an, charges comprises (sans frais de chauffage), la cuisine étant également consi­dérée comme une pièce dans le canton de Genève. Les projets dans la zone de dévelop­pement sont règle­mentés en ce qui concerne la mixité des logements, les loyers, les coûts de construction et le rendement net, et sont soumis à un droit de préemption par la ville de Genève. Il existe également à Genève une règle­men­tation concernant les logements Airbnb : ces derniers ne peuvent pas être loués pour une durée supérieure à 90 jours par an à des locataires sur la base d’un bail de courte durée.


Bâle

La loi bâloise sur la promotion du logement (WRFG) est entrée en vigueur dans sa version actuelle en 2022. La loi stipule que lorsque le taux de logements vacants est inférieur à 1,5 %, la rénovation, la trans­for­mation ou la démolition d’habitations est soumise à une obligation d’auto­ri­sation supplé­men­taire associée à un encadrement des loyers pendant cinq ans. Selon la directive, 33 % de logements à loyer modéré doivent être planifiés lors de la création de nouveaux espaces d’habi­tation.

Toujours en cours :

  • L’ini­tiative cantonale « Basel baut Zukunft » (« Bâle construit l’avenir ») va encore plus loin et exige que 50 % de la surface brute de plancher utili­sable soit louée à prix coûtant sur les sites de trans­for­mation. Le Conseil d’État rejette cette initiative, car il craint que la construction de logements sur les sites de dévelop­pement Klybeckplus et Dreispitz ne soit retardée, voire empêchée, pendant des années. Il a riposté à l’aide d’un contre-projet qui précise que sur la partie d’une zone de trans­for­mation prévue pour le dévelop­pement de l’habitat, 33 % des logements doivent être loués à prix coûtant.
  • Une nouvelle initiative populaire, lancée en juin 2023, vise à rendre plus difficile la démolition de biens immobi­liers (« initiative de suspension »).

Lausanne

La Loi sur la préser­vation et la promotion du parc locatif (LPPPL) cantonale doit servir à la protection des logements et est également appliquée à Lausanne. Elle prévoit un plafon­nement des loyers pour les projets de rénovation dont le coût total dépasse 20 % de la valeur d’assu­rance du bâtiment. Celui-ci est réglé indivi­duel­lement dans le permis de construire. La LPPPL a en outre introduit au 1er janvier 2018 deux nouveaux instru­ments d’aide au logement : une nouvelle catégorie de logements dans les Logements d’utilité publique (LUP) avec les Logements à loyer abordable (LLA) pour la classe moyenne (sans subvention cantonale) et l’introduction de quotas de LUP par les communes pour les nouveaux plans d’affectation ou pour les zones existantes, permettant ainsi un taux d’occupation plus élevé. Un logement classé LUP doit répondre aux critères définis (loyer maximal, taille du logement) pendant au moins 25 ans à compter de la date à laquelle le logement a été loué pour la première fois. Depuis 2020, le canton dispose d’un droit de préemption, inscrit dans la loi sur la préser­vation et la promotion du parc locatif, en cas de taux de logements vacants inférieur à 1,5 % dans le district. Ce droit est réguliè­rement appliqué par la ville de Lausanne.


Berne

L’ini­tiative municipale « Pour des logements abordables » est en vigueur depuis le 1er janvier 2020. L’ini­tiative comprend l’intro­duction d’un nouvel article 16b dans le règlement de la ville de Berne concernant la construction de logements à loyer modéré et les maîtres d’ouvrage d’utilité publique. Le règlement comprend une obligation de logements à loyer modéré : en cas de changement d’affec­tation ou de nouveau classement de zones d’habi­tation (zone d’habi­tation W, zone d’habi­tation mixte WG, zone centrale K), au moins un tiers de l’uti­li­sation résiden­tielle doit être dédié à des logements à loyer modéré ou remis à des maîtres d’ouvrage d’utilité publique. Les logements doivent être construits et loués à prix coûtant confor­mément à la loi. En outre, dans le cadre d’un bonus d’uti­li­sation pour les nouvelles construc­tions et les trans­for­ma­tions de bâtiments, le taux d’occu­pation doit être augmenté de 20 % si compa­tible avec les programmes de dévelop­pement urbain et si tous les logements du bâtiment sont des logements à loyer modéré ou construits par un organisme d’utilité publique (également avec un loyer à prix coûtant).



Winterthur

En juillet 2022, l’ini­tiative populaire municipale « Un logement pour tous » est entrée en vigueur. Le conseil municipal a toutefois décidé d’éla­borer un contre-projet de soutien. Si le conseil municipal partage les objectifs de l’ini­tiative, l’objectif de 25 % de logements locatifs d’utilité publique d’ici à 2040 lui semble diffi­ci­lement réali­sable. En lieu et place, il propose de créer en moyenne 120 nouveaux logements de ce type par an jusqu’en 2040. La décision appar­tient au parlement de la ville jusqu’au 3 juillet 2024.

Toujours en cours :

  • Initiative cantonale pour la protection du logement : (Voir ville de Zurich.)
  • L’ini­tiative cantonale «Davantage de logements à loyer modéré dans le canton de Zurich» prévoit un droit de préemption pour les communes.

Lucerne

L’ini­tiative « Protéger le logement – règle­menter Airbnb » a été acceptée en mars 2023. Elle prévoit que les appar­te­ments ne peuvent pas être loués pour une durée supérieure à 90 jours par an à des locataires sur la base d’un bail de courte durée. L’ini­tiative proposait de règle­menter cette restriction par une modifi­cation du règlement en matière de construction et de zone. Le conseil municipal va maintenant étudier la manière de mettre en œuvre cette mesure et la soumettre au Grand Conseil de la ville sous un délai d’un an.

Toujours en cours :

  • Lucerne doit être soumise à la loi sur la protection du logement, selon une demande urgente de la population adressée au conseil municipal en septembre 2023. Cette loi a pour but de préserver les logements à loyer modéré. Pendant la période d’assu­jet­tis­sement, les locaux d’habi­tation ne peuvent être démolis, trans­formés ou détournés de leur usage qu’avec l’auto­ri­sation du conseil communal.

St Gallen

Aucune règle­men­tation en matière de loyer connue à ce jour.


Lugano

Lex Airbnb : depuis 2022, la Lex Airbnb est en vigueur dans tout le Tessin. La loi cantonale sur les construc­tions stipule désormais que les locations en ligne d’appar­te­ments et de maisons privés (de moins de 4 appar­te­ments) d’une durée supérieure à 90 jours par année civile à des touristes sont consi­dérées comme des locations commer­ciales et que l’immeuble doit donc être réaffecté en consé­quence (soumise à autori­sation).


Bienne

La ville de Bienne veut augmenter la part de logements d’utilité publique à 20 % pour tous les logements d’ici à 2035.


Neuchâtel

La ville de Neuchâtel encourage la construction de logements à loyer modéré, notamment par le biais de la Loi sur l’aide au logement, qui vise à promouvoir les logements sociaux et les logements locatifs à loyer modéré.


Bellinzone

Aucune règle­men­tation en matière de loyer connue à ce jour.


Thun

La révision du plan d’aménagement municipal, qui sera approuvée en 2022, imposera une proportion minimale de 25 % de logements à loyer ou à prix modéré lors de l’affec­tation ou du changement d’affec­tation des zones d’habi­tation (article 6 du règlement de construction).

Toujours en cours :

  • « Initiative pour des logements abordables » (Thuner Wohn-Initiative) prévoit une part minimale de logements à loyer modéré de 15 % dans l’ensemble de la ville.

Coire

Aucune règle­men­tation en matière de loyer connue à ce jour.


Schaff­house

L’ini­tiative populaire municipale à Schaff­house visant à promouvoir le logement d’utilité publique avec au moins 10 % des logements loués appar­tenant à des organismes d’utilité publique est encore toujours soumise à discussion.


Fribourg

Aucune règle­men­tation en matière de loyer connue à ce jour


La Chaux-de-Fonds

Aucune règle­men­tation en matière de loyer connue à ce jour.


Sion

Aucune règle­men­tation en matière de loyer connue à ce jour.


Zoug

L’ini­tiative « 2000 logements pour la classe moyenne zougoise » a été acceptée de justesse par un vote en juin 2023. Elle exige une part de 40 % de logements à loyer modéré pour les logements supplé­men­taires construits dans les zones à forte densité confor­mément au projet de dévelop­pement urbain. En outre, la ville de Zoug doit construire sans délai des logements à loyer modéré et doit procéder activement à l’acquisition de terrains. D’ici à 2040, au moins 20 % de tous les logements devront être à loyer modéré. Après le « oui » remporté lors du vote, les procé­dures de projets de dévelop­pement urbain ont dû être suspendues, car l’ini­tiative ne prévoyait pas de délai de transition et est immédia­tement entrée en vigueur. La ville de Zoug a défini dans son projet des zones spéci­fi­quement dédiées à la construction de logements à loyer modéré. Selon la règle­men­tation en matière de construction, au moins 50 % de ces zones seront réservées à ce type de logement. L’ordon­nance connexe règle­mente entre autres les plafonds des loyers nets et les prix de vente autorisés selon le type de logement.


Yverdon-les-Bains

Les lois canto­nales LPPPL et LLA s’appliquent également à Yverdon-les-Bains. (Voir Lausanne.)


Rapperswil-Jona

Pour le moment, aucune règle­men­tation en matière de loyers n’est prévue. Initiative pour un logement à loyer modéré à Rapperswil-Jona : fonds de 10 millions CHF (environ 10 500 000 EUR) pour soutenir le logement à loyer modéré accepté et en vigueur.


Montreux

Les lois canto­nales LPPPL et LLA s’appliquent également à Montreux. (Voir Lausanne.)


Frauenfeld

Aucune règle­men­tation en matière de loyer connue à ce jour.


Wetzikon (canton de Zurich)

L’initiative « Des logements abordables à Wetzikon » prévoit une proportion minimale de 20 % de logements à loyer modéré dans l’ensemble de la ville.

Toujours en cours :

  • Initiative de protection cantonale : (Voir ville de Zurich.)
  • Initiative cantonale « Davantage de logements à loyer modéré dans le canton de Zurich » prévoit un droit de préemption pour les communes.

Bulle

Aucune règle­men­tation en matière de loyer connue à ce jour.


Wil (SG)

Aucune règle­men­tation en matière de loyer connue à ce jour.


Kreuz­lingen

Aucune règle­men­tation en matière de loyer connue à ce jour.


Aarau

Le traitement d’une motion demandant la trans­pa­rence des loyers est toujours en discussion, la commune doit obtenir un droit de préemption.


Martigny

Aucune règle­men­tation en matière de loyer connue à ce jour.


Nous restons à votre entière dispo­sition pour toute suggestion ou question concernant ce billet.

Ceci pourrait aussi vous intéresser

Contactez nos experts pour en savoir plus.