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La pénurie de logements locatifs transforme la demande

19 novembre 2023

City, Apartment Building, Architecture

La formation des nouveaux ménages révèle que la population suisse a adapté son comportement de demande à la pénurie de logements. Le choix plus restreint et les loyers plus élevés les y obligent. Ainsi, la population suisse choisit à nouveau de vivre à plusieurs dans un logement.

Les ménages plus grands ont de nouveau la cote

À première vue, les données sur les ménages pour 2022, publiées par l’Office fédéral de la statistique, livrent de nombreuses pistes cohérentes avec les tendances des années précédentes. Le nombre de ménages composés d’une personne enregistre la plus forte hausse (+27 630), suivi par les ménages de deux personnes (+7950, correspondant à 15 900 personnes). Les petits ménages, déjà nombreux et identifiés comme l’une des causes de la pénurie de logements, continuent d’augmenter de manière ­significative.

Mais en y regardant de plus près, on constate que la formation des ménages, et donc la demande de logement, commence à changer. La croissance des petits ménages s’affaiblit sensiblement, une tendance amorcée dès 2021 et qui s’est intensifiée en 2022. En revanche, le nombre de ménages de trois personnes ou plus augmente sensiblement. La croissance plus faible des petits ménages et l’augmentation plus marquée du nombre de ménages de trois personnes ou plus se reflètent également dans le nombre total de nouveaux ménages. Malgré une croissance démographique plus forte, le nombre total de ménages supplémentaires a diminué au cours des deux dernières années. En extrapolant le nombre de personnes par ménage, on constate que le nombre d’habitants supplémentaires dans les nouveaux ménages de trois membres ou plus a augmenté à un rythme inédit depuis 2016 (+29 000 en 2022). Cela se reflète également dans l’augmentation de la densité d’occupation des nouveaux ménages, calculée en comparant le nombre d’habitants supplémentaires avec le nombre de nouveaux ménages chaque année.

L’offre a créé la demande

Les dernières données sur la formation des ménages indiquent que la population résidente suisse a de plus en plus tendance à cohabiter sous le même toit, en particulier la jeune génération. En revanche, la part croissante de la population âgée dans la population totale explique de plus en plus à elle seule l’augmentation du nombre de petits ménages. Cela se produit naturellement à la suite d’événements tels que le départ des enfants ou le décès du partenaire.

Il ne faut pas voir dans les évolutions récentes la preuve que la société se détourne de l’individualisation pour se recentrer sur la communauté. Il apparaît plutôt clairement que la pénurie de logements et de nouvelles constructions influencent considérablement le comportement de demande des ménages suisses. La rareté de l’offre de logements, combinée à la hausse des loyers, oblige de nombreuses personnes qui souhaitent ou doivent chercher un logement à vivre à plusieurs plutôt que seules. Le choix du type de logement ne reflète donc pas nécessairement les souhaits réels, comme en témoignent les tendances de 2017 à 2020. À l’époque où les loyers baissaient et où l’offre était plus diversifiée, la population suisse préférait vivre dans des ménages plus petits. On constate que lorsque l’offre est généreuse, les individus préfèrent se répartir davantage. C’est particulièrement le cas dans les régions moins chères et offrant un choix plus large.

Les loyers augmentent en dépit d’une plus forte densité d’occupation

Les chiffres actuels pourraient laisser penser que la pénurie de logements n’est pas aussi critique que ce qui a été souligné précédemment dans cette publication. La pénurie incite en effet les locataires à réduire leur demande, et moins de nouvelles constructions sont donc nécessaires. Cet argument semble évident. Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue que les années 2017 à 2020 – marquées par un plus grand choix de logements – ont montré qu’une partie de la population suisse se logerait autrement si cela lui était possible. En raison de l’illiquidité des marchés, du recul des nouvelles constructions et d’une demande dynamique, la population est contrainte d’adapter son mode de logement. Parallèlement, les loyers des quelques objets disponibles augmentent fortement.

Extrait de la dernière édition de l'Immo-Monitoring

Ceci est un article extrait de notre dernière publication de l'Immo-Monitoring. Si vous souhaitez plus d'informations, vous pouvez commander votre exemplaire ici.

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