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La construction durable suit les régle­men­ta­tions canto­nales

Dernière mise à jour: 22 April 2025

La guerre en Ukraine et ses consé­quences ont mis en évidence notre dépen­dance à l’égard des combus­tibles fossiles et le fait que la construction durable est une compo­sante essen­tielle d’une politique énergé­tique tournée vers l’avenir.

En Suisse, les régle­men­ta­tions dans ce domaine varient d’une région à l’autre, en raison des compé­tences consti­tu­tion­nelles de chaque canton. C’est pourquoi la Confé­rence des direc­teurs cantonaux de l’énergie (EnDK) a adopté le Modèle de prescrip­tions énergé­tiques canto­nales (MuKEn) de 2014, qui vise à harmo­niser et donc à simplifier autant que possible la plani­fi­cation de la construction et les procé­dures d’auto­ri­sation corres­pon­dantes.

Nous avons examiné dans quelle mesure la mise en œuvre d’une sélection de régle­men­ta­tions canto­nales en matière de durabilité est conforme à la MuKEn. L’analyse complète peut être téléchargée ici (en allemand). L’analyse montre que Bâle-Ville, Lucerne, le Jura et Fribourg fondent leur légis­lation sur l’énergie de manière relati­vement proche du modèle de prescrip­tions et, dans certains cas, vont même au-delà. A l’autre bout de l’échelle, on trouve Argovie, Uri et Zoug, qui plani­fient actuel­lement des mises en œuvre, et Soleure, qui aura le moins de régle­men­ta­tions en place dans un avenir prévi­sible.

Le cadre : compé­tence cantonale coordi­nation inter­can­tonale

Selon la Consti­tution fédérale, la politique énergé­tique dans le secteur du bâtiment relève de la compé­tence des cantons. Ceux-ci sont donc habilités à définir et à mettre en œuvre leurs propres objectifs en matière de politique énergé­tique et clima­tique dans le cadre du droit fédéral.

Cette répar­tition des respon­sa­bi­lités est tout à fait logique : les autorités canto­nales connaissent très bien l’infra­structure, la population et les sensi­bi­lités de leurs régions respec­tives. Elles peuvent donc planifier et mettre en œuvre des mesures de droit de la construction de manière adéquate, efficace et avec un large soutien.

Cependant, le résultat est aussi une structure de diffé­rents régimes, chacun avec des carac­té­ris­tiques et des accents diffé­rents. Cela peut être source de confusion pour les acteurs de l’immo­bilier opérant à l’échelle supra­ré­gionale. En outre, les économies d’échelle étant plus diffi­ciles à réaliser, la répar­tition fédéra­liste des rôles entraîne des pertes d’effi­cacité.

Les politi­ciens l’ont également compris. C’est pourquoi les conseillers cantonaux et les experts élaborent et coordonnent des objectifs et des stratégies communs en matière de politique énergé­tique et clima­tique lors de confé­rences canto­nales, telles que la confé­rence MoPEC 2014 mentionnée plus haut. Les autres confé­rences perti­nentes sont les suivantes :

  • Confé­rence des direc­teurs cantonaux de l’énergie (EnDK)
  • Confé­rence des agences de l’énergie (EnFK)
  • Confé­rence des direc­teurs de la construction, de l’amé­na­gement du terri­toire et de l’envi­ron­nement (BPUK) 
  • Confé­rence des chefs des offices de protection de l’envi­ron­nement (KVU) 

Quelques aspects des régle­men­ta­tions canto­nales en matière de durabilité

Actuel­lement, 21 cantons ont intégré la loi MuKEn dans leur légis­lation sur l’énergie, et le processus corres­pondant est en cours dans quatre autres. Seul le canton de Soleure n’a pas appliqué une grande partie de la loi MuKEn 2014, en raison d’une décision populaire négative.

La mise en œuvre de deux dispo­si­tions sélec­tionnées de la loi MuKEn est présentée ci-dessous pour donner un aperçu des régle­men­ta­tions canto­nales en matière de durabilité.

Exigences pour le rempla­cement d’une chaudière

Cette idée a proba­blement traversé l’esprit de nombreux proprié­taires au cours des derniers mois : remplacer une chaudière à mazout ou à gaz par un système de chauffage qui ne dépend pas des énergies fossiles. Dans presque tous les cantons, la règle veut qu’au moins une partie de la chaleur nouvel­lement produite provienne de sources d’énergie renou­ve­lables. A Bâle-Ville, Zurich et Genève, ce pourcentage atteint même 100 % pour tous les bâtiments. Cependant, dans le modèle de coûts de Zurich, il a été prouvé que le rempla­cement de ces sources de chauffage entraînait des coûts supplé­men­taires impor­tants sur le cycle de vie. À Neuchâtel et à Glaris, cette régle­men­tation ne s’applique qu’aux bâtiments résiden­tiels, tandis que d’autres cantons exigent 10 % ou 20 %. À Soleure, il n’existe actuel­lement aucune régle­men­tation corres­pon­dante. 

analyse
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Aujourd’hui, les nouveaux bâtiments peuvent couvrir de manière autonome une partie de leur consom­mation d’élec­tricité avec des instal­la­tions photo­vol­taïques. Dans le cadre de la loi MuKEn 2014, la Direction cantonale de l’énergie a fixé une part minimale obliga­toire. Il s’agit d’une puissance d’au moins 10 watts par mètre carré de surface de référence énergé­tique. L’ensemble du bien immobilier doit produire une puissance maximale de 30 kilowatts, ce qui correspond à la puissance électrique de 15 fours, 2500 ampoules LED ou 6000 chargeurs de téléphones portables. Les proprié­taires peuvent également payer une taxe de rempla­cement.

Ici aussi, l’esprit cantonal joue : Le montant de cette taxe est déterminé indivi­duel­lement par chacun des 20 cantons qui ont déjà mis en œuvre la regle­men­tation type corres­pon­dante. Depuis le début du mois de janvier, en raison de l’arrêté fédéral sur les mesures urgentes à prendre pour assurer l’appro­vi­sion­nement en électricité à court terme durant l’hiver de l’automne dernier, les cantons qui n’ont pas mis en œuvre la loi MuKEn 2014 confor­mément à l’article corres­pondant doivent également installer des systèmes solaires sur l’enve­loppe du bâtiment pour les nouvelles construc­tions de 300 mètres carrés ou plus.

Cette nouvelle régle­men­tation pour le photo­vol­taïque montre la dynamique de la légis­lation. A la mi-mars, le Conseil national débattra des exigences natio­nales en matière de systèmes photo­vol­taïques. D’autres dévelop­pe­ments sont également entrés en vigueur au début de l’année 2023. Par exemple, la nouvelle loi sur l’énergie du canton de Glaris, qui est entrée en vigueur le 1er janvier 2023, est très proche d’une inter­diction de l’ins­tal­lation de combus­tibles fossiles.

Par consé­quent, il conti­nuera d’y avoir des diffé­rences locales dans la légis­lation à l’avenir, non seulement dans les règle­ments, mais aussi dans les mesures de soutien. Par exemple, le montant des déduc­tions sur le revenu imposable pour les mesures énergé­tiques varie d’un canton à l’autre. Dans le cas des subven­tions, il existe même des diffé­rences spéci­fiques aux communes. Nous appro­fon­dirons ce point dans un prochain article de blog. 

Pour en savoir plus sur la régle­men­tation dans le secteur du dévelop­pement durable, consultez ce cours spécialisé : «Durabilité pour les profes­sionnels de l’immo­bilier».

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