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L’immobilier face à l’évolution de l’inflation : origines, analyses et perspectives  

03.06.2022

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Les taux d’inflation augmentent chaque mois depuis plus d’un an maintenant.   
Bien que de nombreux observateurs du marché supposaient encore au milieu de l’année dernière que cette évolution serait un phénomène à très court terme qui s’essoufflerait au premier semestre 2022, peu d’indicateurs pointent actuellement vers la fin immédiate. L’évolution actuelle aux États-Unis est particulièrement frappante : les prix à la consommation ont augmenté de 8,5% en glissement annuel en mars 2022.  
Ils augmentent dans tous les domaines, et il y a même une « demande de rattrapage » pour des composantes importantes comme les loyers. Mais en Europe aussi, l’inflation a atteint des dimensions jamais vues depuis longtemps. Selon Eurostat, le taux d’inflation annuel dans la zone euro est estimé à 7,5 % en mars 2022, contre 5,9 % en février. En France, le taux d’inflation en mars 2022 est estimé à +4,5%. Il y est donc à son plus haut niveau depuis plus de 40 ans.  

Un cocktail à plusieurs ingrédients  

La forte hausse des prix à la consommation que l’on observe actuellement est due aux effets simultanés de l’inflation de la masse monétaire et de l’inflation de l’offre et de la demande.  

Inflation de la masse monétaire : selon la théorie de l’économiste Irving Fisher, le produit de la masse monétaire et de la vitesse de circulation de la monnaie est égal au volume de transaction des biens multiplié par le niveau des prix. Par conséquent, les prix à la consommation augmentent toujours si la masse monétaire augmente alors que la vitesse de circulation reste constante. La question de savoir si l’augmentation de la masse monétaire au cours de ces dernières années fait réellement augmenter l’inflation est sujet à débat. Si l’on jette un regard rétrospectif sur les 15 dernières années, on peut conclure que l’expansion monétaire seule n’entraîne pas nécessairement une augmentation notable des prix à la consommation, la plupart des pays n’ayant enregistré que des taux d’inflation modérés jusqu’au début de 2021. Combinée à l’inflation de la demande et de l’offre, l’expansion monétaire peut toutefois encore stimuler la hausse des prix.  

Inflation de la demande : la demande est susceptible de contribuer sensiblement aux taux d’inflation actuels dans de nombreux pays. Tout d’abord, les programmes d’infrastructure et de relance économique mis en place pendant la pandémie de COVID-19 ont fortement augmenté la consommation et les investissements publics. Ensuite, les effets de rattrapage de la consommation privée après les périodes de confinement ont stimulé la demande de biens et de services.  

Inflation de l’offre : l’inflation de l’offre est la principale cause des taux d’inflation élevés actuels. D’une part, la production mondiale de biens et de consommations intermédiaires a été largement limitée suite à la pandémie de coronavirus. De plus, les chaînes d’approvisionnement ont parfois été interrompues. D’autre part, l’invasion russe en Ukraine a bouleversé les marchés de l’énergie et des matières premières, entraînant parfois une forte hausse des prix. Le pétrole et le gaz naturel, l’essence, le diesel ou encore les produits agricoles comme le blé, le maïs et le soja sont plus chers qu’ils ne l’ont été depuis longtemps.  

Les taux d’inflation restent élevés pour le moment   

Actuellement, l’évolution que prendra l’inflation à long terme est controversée. Toutefois, de nombreux facteurs indiquent que la hausse des prix à la consommation devrait rester supérieure à la moyenne, du moins à court et moyen terme. Les facteurs suivants vont dans ce sens :  

  • En février, les prix à la production des produits industriels étaient 22,4 % plus élevés qu’en février 2021. Même si ce fort renchérissement ne se sera pas entièrement répercuté sur le marché des consommateurs finaux, cela entraînera, du moins en partie, une nouvelle hausse (différée) des prix à la consommation.  
  • Il n’y a toujours pas de signes de détente dans les prix de nombreuses matières premières.  
  • La pénurie de main-d’œuvre qualifiée améliore la situation de négociation de la main-d’œuvre afin de réclamer des augmentations de salaire et de compenser ainsi la perte de pouvoir d’achat due à l’inflation. Une spirale prix-salaire qui s’accélère pourrait maintenir l’inflation à un niveau élevé.   
  • La Chine est toujours fortement touchée par la pandémie du coronavirus. Pour lutter contre la pandémie, des mesures de confinement sont imposées, ce qui explique que les usines restent fermées et que la logistique est limitée. Compte tenu de l’importance de la Chine, cela pourrait entraîner des goulets d’étranglement dans l’approvisionnement en Europe, ce qui augmenterait encore les coûts de production  
  • Le protectionnisme et le scepticisme croissant à l’égard de la mondialisation, le développement de sites de production en Suisse (plus chers) qui en découle et la lutte contre les conséquences du changement climatique sont également des facteurs qui pourraient entraîner des taux d’inflation plus élevés.  

À plus long terme, nous tablons en France sur un taux d’inflation de 2,0 % par an en moyenne. Cette attente correspond à l’objectif d’inflation de la Banque Centrale Européenne (BCE).