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L’immo­bilier face à l’évo­lution de l’inflation : origines, analyses et perspec­tives  

Dernière mise à jour: 12 septembre 2024

Les taux d’inflation augmentent chaque mois depuis plus d’un an maintenant.   
Bien que de nombreux obser­va­teurs du marché suppo­saient encore au milieu de l’année dernière que cette évolution serait un phénomène à très court terme qui s’essouf­flerait au premier semestre 2022, peu d’indicateurs pointent actuel­lement vers la fin immédiate. L’évo­lution actuelle aux États-Unis est parti­cu­liè­rement frappante : les prix à la consom­mation ont augmenté de 8,5% en glissement annuel en mars 2022.  
Ils augmentent dans tous les domaines, et il y a même une « demande de rattrapage » pour des compo­santes impor­tantes comme les loyers. Mais en Europe aussi, l’inflation a atteint des dimen­sions jamais vues depuis longtemps. Selon Eurostat, le taux d’inflation annuel dans la zone euro est estimé à 7,5 % en mars 2022, contre 5,9 % en février. En France, le taux d’inflation en mars 2022 est estimé à +4,5%. Il y est donc à son plus haut niveau depuis plus de 40 ans.  

Un cocktail à plusieurs ingré­dients  

La forte hausse des prix à la consom­mation que l’on observe actuel­lement est due aux effets simul­tanés de l’inflation de la masse monétaire et de l’inflation de l’offre et de la demande.  

Inflation de la masse monétaire : selon la théorie de l’éco­no­miste Irving Fisher, le produit de la masse monétaire et de la vitesse de circu­lation de la monnaie est égal au volume de transaction des biens multiplié par le niveau des prix. Par consé­quent, les prix à la consom­mation augmentent toujours si la masse monétaire augmente alors que la vitesse de circu­lation reste constante. La question de savoir si l’aug­men­tation de la masse monétaire au cours de ces dernières années fait réellement augmenter l’inflation est sujet à débat. Si l’on jette un regard rétros­pectif sur les 15 dernières années, on peut conclure que l’expansion monétaire seule n’entraîne pas néces­sai­rement une augmen­tation notable des prix à la consom­mation, la plupart des pays n’ayant enregistré que des taux d’inflation modérés jusqu’au début de 2021. Combinée à l’inflation de la demande et de l’offre, l’expansion monétaire peut toutefois encore stimuler la hausse des prix.  

Inflation de la demande : la demande est suscep­tible de contribuer sensi­blement aux taux d’inflation actuels dans de nombreux pays. Tout d’abord, les programmes d’infra­structure et de relance écono­mique mis en place pendant la pandémie de COVID-19 ont fortement augmenté la consom­mation et les inves­tis­se­ments publics. Ensuite, les effets de rattrapage de la consom­mation privée après les périodes de confi­nement ont stimulé la demande de biens et de services.  

Inflation de l’offre : l’inflation de l’offre est la principale cause des taux d’inflation élevés actuels. D’une part, la production mondiale de biens et de consom­ma­tions inter­mé­diaires a été largement limitée suite à la pandémie de corona­virus. De plus, les chaînes d’appro­vi­sion­nement ont parfois été inter­rompues. D’autre part, l’invasion russe en Ukraine a boule­versé les marchés de l’énergie et des matières premières, entraînant parfois une forte hausse des prix. Le pétrole et le gaz naturel, l’essence, le diesel ou encore les produits agricoles comme le blé, le maïs et le soja sont plus chers qu’ils ne l’ont été depuis longtemps.  

Les taux d’inflation restent élevés pour le moment   

Actuel­lement, l’évolution que prendra l’inflation à long terme est contro­versée. Toutefois, de nombreux facteurs indiquent que la hausse des prix à la consom­mation devrait rester supérieure à la moyenne, du moins à court et moyen terme. Les facteurs suivants vont dans ce sens :  

  • En février, les prix à la production des produits indus­triels étaient 22,4 % plus élevés qu’en février 2021. Même si ce fort renché­ris­sement ne se sera pas entiè­rement répercuté sur le marché des consom­ma­teurs finaux, cela entraînera, du moins en partie, une nouvelle hausse (différée) des prix à la consom­mation.  
  • Il n’y a toujours pas de signes de détente dans les prix de nombreuses matières premières.  
  • La pénurie de main-d’œuvre qualifiée améliore la situation de négociation de la main-d’œuvre afin de réclamer des augmen­ta­tions de salaire et de compenser ainsi la perte de pouvoir d’achat due à l’inflation. Une spirale prix-salaire qui s’accélère pourrait maintenir l’inflation à un niveau élevé.   
  • La Chine est toujours fortement touchée par la pandémie du corona­virus. Pour lutter contre la pandémie, des mesures de confi­nement sont imposées, ce qui explique que les usines restent fermées et que la logis­tique est limitée. Compte tenu de l’impor­tance de la Chine, cela pourrait entraîner des goulets d’étran­glement dans l’appro­vi­sion­nement en Europe, ce qui augmen­terait encore les coûts de production  
  • Le protec­tion­nisme et le scepti­cisme croissant à l’égard de la mondia­li­sation, le dévelop­pement de sites de production en Suisse (plus chers) qui en découle et la lutte contre les consé­quences du changement clima­tique sont également des facteurs qui pourraient entraîner des taux d’inflation plus élevés.  

À plus long terme, nous tablons en France sur un taux d’inflation de 2,0 % par an en moyenne. Cette attente correspond à l’objectif d’inflation de la Banque Centrale Européenne (BCE).